Les nouvelles recommandations de Facebook à l’égard des modérateurs

Selon les nouvelles recommandations pour les administrateurs de groupes du réseau social, Facebook souhaiterait y intégrer des personnes de couleur afin de modérer les conversations portant sur les inégalités raciales. Pendant ce temps, les modérateurs de l’entreprise s’en prennent à Zuckerberg pour son inaction face aux messages de Donald Trump.

Les groupes Facebook représentent un important outil stratégique pour l’entreprise de Mark Zuckerberg. Ils permettent à toute une communauté de se retrouver autour d’un intérêt commun, sous un point de vue politique, commercial, militant ou même humoristique. On pense par exemple aux nombreux ‘neurchis’ de memes qui fleurissent sur le réseau social depuis quelque temps.

En plein confinement, ces groupes se sont encore davantage développés. Les administrateurs de ces groupes ont donc eu davantage de travail pour modérer les messages et commentaires qui y sont publiés. Un travail qui a pris encore une dimension supplémentaire suite au mouvement Black Lives Matter.

De nombreux admins ont dû supprimer des messages à caractère offensant ou ‘politique’, provoquant parfois l’ire des membres qui ont décidé de quitter le groupe, quand ils ne devaient pas gérer des conversations constituées de disputes entre membres ou d’insultes ouvertes. Certains groupes ont même dû fermer temporairement face à un tel déchaînement. Notons par exemple le cas extrême d’un groupe en France constitué de milliers de gendarmes, exclusivement dédié à des propos racistes, sexistes et homophobes. Les groupes Facebook sont aussi nombreux que disparates…

Une censure?

Facebook a donc décidé de publier de nouvelles recommandations pour les administrateurs de groupes afin de les aider à faciliter ces conversations délicates et empêcher les conflits.

‘Partagez des exemples spécifiques de contenus autorisés et interdits. Pour une règle telle que « pas de politique autorisée », par exemple, créez une liste claire des sujets qui en relèvent (comme les discussions sur la législation, les candidats politiques ou les campagnes spécifiques) afin que les membres sachent clairement ce qui est interdit dans votre groupe lorsqu’ils discutent en partageant des messages’, écrit l’entreprise.

Facebook serre ici la vis, puisqu’il recommandait dans un précédent post de ne pas établir de telles listes de thèmes censurés. ‘Décrivez les comportements que vous encouragez plutôt que de dresser une liste de ce qui est banni’, indiquait l’entreprise à l’attention des administrateurs.

Facebook les invite aussi à ‘s’informer sur les questions, créer des opportunités pour de nouveaux membres de rejoindre l’équipe de modération, reconnaître les événements actuels, écouter les membres.’ Le réseau social les enjoint à être ‘ouverts au changement’ concernant les messages autorisés et à les soumettre à leur approbation avant de les mettre en ligne.

‘Nous savons que ces conversations sont difficiles et reflètent les disparités actuelles de notre société’, écrit Facebook. ‘Elles sont également nécessaires, et nous espérons que nous pourrons continuer à vous aider à faciliter les discussions et l’apprentissage en cours’.

Les modérateurs critiquent Zuckerberg

Mais il semble que les modérateurs du réseau social aient également un message pour leur patron. La pression monte sur Mark Zuckerberg, alors qu’il refuse toujours de supprimer les postes controversés du président Donald Trump. Au contraire d’autres réseaux sociaux comme Twitter ou Snapchat.

Tous les modérateurs employés par l’entreprise ont donc écrit ce lundi une lettre (anonyme) à leur patron: ‘Nous ne pouvons pas nous retirer, mais nous ne pouvons pas rester silencieux. Facebook peut faire mieux. Nous devons exprimer que les mots de M. Zuckerberg […] ne sont pas suffisants. Le bénéfice du doute accordé à cet homme politique [Trump] en tant qu’utilisateur, même avec une si grande plateforme, est sans précédent – la tentative de placer rétroactivement ses mots derrière le contexte d’autres postes a en fait eu pour effet de le mettre sur un piédestal isolé. C’est peut-être la preuve ultime de « l’exceptionnalité blanche » et une légitimation supplémentaire de la brutalité de l’État dont nous avons été témoins ces dernières semaines’, martèlent-ils.

Reste à voir si Zuckerberg sortira enfin de son silence, du moins publiquement. Car en privé, le fondateur de Facebook semble avoir un avis bien arrêté. ‘La façon de gérer ce poste du président a été très difficile’ explique-t-il dans un audio d’une réunion avec des employés. Il précise que les propos de Trump ne lui ont inspiré que du ‘dégoût’. ‘Ce n’est pas ainsi, je pense, que nous voulons que nos dirigeants se manifestent pendant cette période. C’est un moment qui appelle à l’unité, au calme et à l’empathie pour les personnes en difficulté.’

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