Alors que le renouvelable bat des records, le numéro 1 de l’éolien annonce des pertes de plus d’1,5 milliard d’euros : pourquoi ?

Ce mercredi, le géant de l’éolien Vestas a présenté ses résultats financiers pour l’année 2022. Pour la première fois en dix ans, l’entreprise danoise a subi des pertes nettes.

Pourquoi est-ce important ?

En 2022, l’éolien et le solaire ont été la première source d’approvisionnement en électricité dans l'UE. Et tout porte à croire que le renouvelable continuera de creuser l'écart avec le gaz et le nucléaire dans les années à venir. Pourtant, du côté du premier fabricant mondial d'éoliennes, on fait grise mine.

Dans l’actu : pertes pour Vestas.

  • Vestas a annoncé avoir subi des pertes à hauteur de 1,572 milliards d’euros en 2022.

Le détail : première depuis 2013.

  • En 2021, Vestas avait enregistré un bénéfice de 134 millions d’euros.
  • C’est la première fois depuis 2013 que le plus grand fabricant d’éoliennes au monde encaisse des pertes nettes.
  • En 2022, le chiffre d’affaires de Vestas a été de 14,49 milliards d’euros, soit une baisse de 7% en un an.
    • C’est inférieur aux attentes, qui étaient de 14,5 à 15,5 milliards d’euros.
  • Sa marge opérationnelle (EBIT) hors exceptionnels a été de -8%.

Les explications : l’inflation et la lenteur des feux verts.

  • « Vestas et l’industrie éolienne sont restées difficiles en 2022, car les vents contraires externes et l’immaturité de l’industrie ont entravé la rentabilité et entraîné des résultats financiers insatisfaisants pour l’ensemble de l’année », a reconnu le patron de Vestas, Henrik Andersen.
  • Dans leur rapport, les dirigeants de Vestas ont pointé différents problèmes :
    • Augmentation des coûts (inflation)
    • Défis logistiques (problèmes sur la chaîne d’approvisionnement)
    • Conceptions de marché et processus d’autorisation obsolètes.
    • « L’immaturité opérationnelle et commerciale de l’industrie a également été accentuée, ce qui a entravé les résultats », ajoutent-ils.

Vestas pas super optimiste pour 2023

Et maintenant : rebondir.

  • « Tout le monde chez Vestas est pleinement concentré sur le retour à la rentabilité en 2023 pour réaffirmer que nous sommes sur la bonne voie stratégique », a annoncé Andersen. « Construire une industrie éolienne durable, évolutive et rentable nécessite également que nous continuions à renforcer la maturité de l’industrie et la discipline commerciale ».
  • Toutefois, dans leur rapport, les dirigeants de Vestas disent s’attendre à « des niveaux d’inflation élevés dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement » en 2023. En outre, ils prévoient une réduction du nombre d’installations éoliennes en Europe en raison de « la lenteur des processus d’autorisation », tandis que la loi sur la réduction de l’inflation (IRA) ne portera ses fruits aux États-Unis qu’en 2024.
  • Sans surprise, les prévisions pour 2023 sont prudentes.
    •  Chiffre d’affaires : entre 14,0 milliards d’euros et 15,5 milliards d’euros.
    • Marge opérationnelle (EBIT) hors exceptionnels : de -2 à 3%.
  • On notera que ces annonces n’ont pas refroidi les investisseurs, l’action Vestas ayant pris plus de 6% à la mi-journée.

Le contexte : la production d’électricité via l’éolien atteint des sommets.

  • Si le numéro 1 de la fabrication d’éoliennes n’est pas en forme, ce n’est pas le cas de ceux qui les exploitent.
  • Comme nous vous l’expliquions la semaine dernière, pour la première fois, l’éolien (15%) et le solaire (7,3%) ont, réunis, produit plus d’électricité que le gaz (19,9%) dans l’UE l’an dernier.
  • Autre première : l’éolien et le solaire ont battu le nucléaire (21,9%) en 2022.
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