Vers un grand comeback politique pour Silvio Berlusconi ?

« Il Cavaliere » pourrait-il devenir le nouveau président italien ? Vu le système électoral de la péninsule, c’est difficile à dire, mais son nom est sur toutes les lèvres, même si c’est le plus souvent pour critiquer cette option. Preuve que Berlusconi, à 85 ans, reste un patronyme qui ne manque pas d’influence dans la politique italienne. Même si c’est pour susciter une levée de boucliers.

Et si le premier grand rendez-vous politique de 2022 n’était pas celui auquel on pense ? Alors que l’élection présidentielle française occupe tant les esprits que le paysage médiatique, c’est l’italienne qui aura lieu dès le mois prochain. Il est vrai que l’enjeu sociétal n’est pas le même : en Italie, le président de la République est élu au suffrage indirect et secret par un collège électoral composé des membres des deux chambres du Parlement, auxquels s’ajoutent des délégués régionaux en provenance des vingt régions d’Italie. En outre, il bénéficie de pouvoirs plutôt limités : c’est une charge essentiellement honorifique que doit assurer le président, qui est le garant de la Constitution et de l’unité nationale.

Une promesse faite à sa mère

A ceci près que cette année, un personnage particulièrement clivant se trouve parmi les présidentiables, signale The Guardian : Silvio Berlusconi, 85 ans, rescapé du Covid-19, député européen depuis 2019 et président du Conseil des ministres en Italie de 1994 à 1995, de 2001 à 2006 et de 2008 à 2011. Et qui, selon un mythe qu’il s’est lui-même forgé, a promis à sa mère d’un jour occuper le poste présidentiel.

Les candidats ne se déclarent généralement pas avant l’élection. Cependant, le nom de M. Berlusconi a été avancé à plusieurs reprises dans les médias et il n’a pas essayé d’étouffer les spéculations selon lesquelles il souhaiterait le poste, précise le quotidien britannique. Le milliardaire reste un personnage très controversé : il a été temporairement exclu de la fonction publique après avoir été condamné pour fraude fiscale en 2013 et il est toujours en procès, suspecté d’avoir soudoyé des témoins dans une affaire de prostitution de mineures. Quant à l’international, Silvio Berlusconi reste un mystère dans de nombreux pays : il incarne un type de politicien plus à cheval sur son image médiatique que sur une idéologie politique et il est sans doute tout aussi clivant à l’étranger que dans sa propre patrie.

Un personnage ultra clivant

Les analystes estiment qu’une personnalité aussi clivante aura du mal à réunir le large soutien nécessaire pour devenir président, alors que celui qui occupe ce siège est régulièrement sollicité comme arbitre de la politique italienne. Difficile aussi d’estimer de quel parti il pourrait obtenir un soutien suffisant ; pour gagner, un candidat doit obtenir deux tiers des voix, mais si personne n’atteint cet objectif lors des trois premiers tours, la barre est abaissée à 50 % des voix plus une. Les calculs s’avérant difficiles, certains analystes pensent que Berlusconi cherche simplement à se placer comme celui qui peut faire sortir un candidat de la mêlée.

Les particularités du système présidentiel italien rendent donc difficile le moindre pronostic, tout en laissant toutes les portes ouvertes. On ne peut même pas dire que Silvio Berlusconi fait campagne pour obtenir le poste. Mais l’opportunité reste envisagée : le journal national italien il Fatto Quotidiano a lancé une pétition pour convaincre les députés de ne pas voter pour lui. « Le président de la République doit être le garant de la Constitution », peut-on lire. « Silvio Berlusconi est le garant de la corruption et de la prostitution ». Le journal énumère ensuite une longue série de procédures judiciaires et de verdicts contre Berlusconi et ajoute enfin : « Pour ces raisons, nous demandons à tous les parlementaires de ne pas le voter pour lui à la présidence de la République. En fait, ils ne devraient même pas en parler, et, si possible, ne pas y penser. »

Plus de 160 000 personnes ont déjà signé la pétition. Ce qui laisse dire que, si sa présidence n’est pas assurée, son influence sur la vie italienne, elle, reste bien réelle.

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