Camouflet pour l’autonomie chinoise : et si les vaccins occidentaux étaient la seule solution ?

Les vaccins chinois sont efficaces pour stopper la mortalité, mais leur effet semble s’estomper bien plus vite qu’avec leurs équivalents occidentaux. C’est ce qui expliquerait les nombreux regains de l’épidémie en Chine. Mais accepter des produits étrangers remettrait en cause le récit de Pékin alors que la population gronde.

Pourquoi est-ce important ?

La Chine a beau être interconnectée au commerce mondial, le gouvernement communiste la voudrait capable de tourner en autarcie, que ce soit pour son approvisionnement en ressources naturelles, en denrées alimentaires, ou en technologies. Mais le pays est encore loin du compte.

L’actualité : Les vaccins contre le coronavirus fabriqués en Chine ne seraient pas aussi efficaces que leurs équivalents occidentaux. C’est du moins ce qu’avance Ashish Jha, le coordinateur de la réponse aux coronavirus de la Maison Blanche.

  • La Chine fait face à une vague de contestation inédite, déclenchée par une énième vague de confinements ultrastricts décidés dans plusieurs grandes villes suite à une résurgence du coronavirus.
  • Le gouvernement chinois s’obstine dans une stratégie « zéro covid » délétère tant pour l’économie du pays que pour celle du monde, tout en faisant monter les tensions sociales jusqu’à un point inédit, qui a récemment tourné à la contestation ouverte.

L’enjeu : Pékin a toujours refusé l’usage des vaccins occidentaux, tant les versions à ARNm fabriqués par Moderna, BioNTech et Pfizer que AstraZeneca. À la place, le gouvernement communiste préfère des produits nationaux fabriqués par Sinovac et Sinopharm, qui sont tous deux approuvés par l’Organisation mondiale de la santé. Mais sur le long terme, ceux-ci semblent bien moins efficaces, a estimé Ashish Jha lors d’une conférence de presse coorganisée par le Financial Times.

  • Les experts estiment que les principaux vaccins fabriqués en Chine offrent des niveaux élevés de protection contre les maladies graves et la mort avec trois doses. Mais ils sont moins efficaces et s’estompent plus rapidement que la technologie ARNm.
  • En outre le taux de vaccination de la population chinoise reste mal connu. Le pays a déclaré mettre l’accent sur les personnes âgées, apparemment jusqu’à récemment fort peu vaccinées : la Chine a déclaré que 65,8 % des personnes âgées de plus de 80 ans avaient reçu une injection de rappel, contre 40 % le 11 novembre.

« Je m’inquiète vraiment de la capacité des Chinois à gérer le virus et à maintenir l’immunité de la population à un niveau élevé avec les vaccins dont ils disposent. Ils ont vraiment besoin, je pense, de vaccins de meilleure qualité. Nous avons été très clairs sur le fait que nous pensons qu’il est important d’utiliser des vaccins de haute qualité et qu’il existe de nombreux mécanismes permettant aux pays de développer et d’obtenir ces vaccins s’ils n’en disposent pas. »

Ashish Jha, coordinateur de la réponse aux coronavirus de la Maison Blanche.

Le contexte : Pékin n’aime pas dépendre de produits importés de l’étranger. C’est vrai pour les hautes technologies, que la Chine est régulièrement accusée de tenter de s’accaparer, mais aussi pour les vaccins : accepter d’importer des produits mis au point à l’étranger équivaudrait à perdre la face. D’autant plus que la propagande d’État présente une Chine devenue puissante et autonome, qui ne laisse plus les étrangers se mêler de ses affaires internes.

  • Le débat se fait déjà pressant dans les coulisses diplomatiques : l’Allemagne a suggéré à la Chine d’utiliser des vaccins occidentaux en début de semaine. Le pays avait déjà fait passer un accord pour que l’Empire du Milieu autorise aux expatriés de recourir à d’autres vaccins que ceux proposés en Chine, et il maintient la pression pour élargir cette ouverture de la part de Pékin.
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