Uniper tire la sonnette d’alarme : le faible niveau des eaux du Rhin pourrait aggraver encore la crise énergétique

La société énergétique allemande Uniper SE a prévenu que la centrale électrique Staudinger-5 pourrait être confrontée à une pénurie de charbon car le niveau du Rhin, qui sert à alimenter la centrale en matières premières, est actuellement très bas.

Le niveau d’eau du Rhin est tombé à un point dangereusement bas en raison de la sécheresse actuelle. Si celui-ci continue de baisser, il deviendra impossible pour les péniches de transporter des marchandises par le passage de Kaub en Allemagne, une importante station intermédiaire pour le fret dans le pays.

Cela pourrait encore aggraver la crise économique actuelle, car des centaines de millions de tonnes de marchandises sont transportées sur le fleuve chaque année. La dernière fois que le Rhin a vu son niveau descendre aussi bas, en 2018, l’impact a été tel que l’économie allemande a enregistré 0,4 % de croissance en moins au quatrième trimestre, selon les analystes de JPMorgan.

Une centrale électrique au charbon

Mais le coût pourrait être plus élevé cette fois-ci : outre la livraison de marchandises, le fleuve est utilisé pour fournir du charbon crucial à Staudinger-5, une centrale électrique d’une capacité de plus de 500 mégawatts (MW).

Uniper, qui exploite la centrale, affirme que les réserves de charbon sont limitées. L’approvisionnement par le Main, un bras du Rhin, serait le seul moyen de reconstituer ce stock. L’entreprise prévient que la production de la centrale pourrait donc baisser.

En conséquence, l’approvisionnement énergétique de l’Allemagne pourrait subir un nouveau coup dur. L’Europe est aux prises avec une crise énergétique après que la Russie a décidé de réduire fortement ses approvisionnements en gaz en juillet, en représailles aux nombreuses sanctions imposées après l’invasion de l’Ukraine.

Vers un hiver froid ?

Uniper a déclaré dans un communiqué que l’entreprise s’attendait à ce que les problèmes d’approvisionnement perdurent jusqu’en septembre. Ce n’est pas une bonne nouvelle : l’Europe se prépare déjà à affronter la saison froide en reconstituant ses stocks de gaz et en imposant des restrictions à la consommation d’énergie. Une grande centrale au charbon qui produit moins que prévu ne peut qu’aggraver la situation.

Mais l’Allemagne n’est pas la seule à souffrir des températures estivales prolongées. En France, par exemple, la production d’énergie des centrales nucléaires a été affectée par le réchauffement de l’eau de la rivière utilisée dans les tours de refroidissement.

Par ailleurs, les travaux de maintenance en cours auraient un impact sur la production d’énergie nucléaire française. Au total, la moitié des 56 réacteurs nucléaires ne produiraient pas d’énergie à l’heure actuelle. Électricité de France (EDF), le géant de l’énergie qui a été récemment nationalisé a indiqué que la production de cette année pourrait tomber à son point le plus bas depuis 30 ans.

MB

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