La commissaire européenne à l’Énergie Kadri Simson est arrivée en Chine ce mercredi. À l’issue de cette visite, la Commission européenne pourrait décider de lancer une nouvelle enquête anti-dumping autour de produits chinois. Au sujet, cette fois, des éoliennes.
Une visite décisive pour la survie de l’éolien européen se joue actuellement en Chine

Pourquoi est-ce important ?
Le secteur européen de l'éolien appelle depuis de nombreux mois les responsables européens à l'aider à surmonter une situation qui semble de plus en plus intenable. Les fabricants du Vieux continent doivent notamment faire face à des éoliennes chinoises bien moins chères. A Bruxelles, les soupçons de dumping sont réels. Jusqu'à aboutir au lancement d'une enquête ?L’essentiel : Simson en Chine.
- Ce mercredi, la commissaire européenne à l’Énergie est arrivée en Chine. Pendant trois jours, elle y rencontrera plusieurs hauts responsables politiques et industriels locaux.
- Cette visite pourrait déboucher sur une enquête européenne anti-subventions autour des éoliennes chinoises.
Avant son départ : « ne jamais dire jamais »
- Avant de partir pour la Chine, Kadri Simson a fait part de ses impressions auprès de Politico.
- « Il ne faut jamais dire jamais », a-t-elle répondu quand on lui a demandé si la Commission européenne était susceptible d’ouvrir une enquête antidumping sur les éoliennes chinoises.
- « Nous devons éviter toute sorte de guerre commerciale parce que nous, en tant que marché unique, bénéficions effectivement de marchés ouverts et d’une concurrence loyale… [mais] s’il y a des preuves que nous sommes confrontés à des mesures de dumping… bien sûr, nous devons y remédier », a expliqué la cheffe européenne de l’énergie.
Ce matin, Simson a déjà rencontré plusieurs experts de la North China Electric Power University. Elle a publié un tweet tout à fait cordial. On n’en attendait pas moins de sa part à ce stade de la visite :
Reynders et Breton pensent la même chose
Important : avant Simson, d’autres ont déjà émis la même idée.
- La semaine dernière, Didier Reynders, commissaire européen à la Justice et à la Concurrence (par intérim), a tenu des propos similaires à ceux de Kadri. Une nouvelle enquête antidumping est bien dans les plans bruxellois.
- « Dans l’éolien, il y a des composants européens qui pourraient être en concurrence avec des composants chinois. Si ça se fait dans des conditions de concurrence correctes, pourquoi pas. Mais si on constate de nouveau une possibilité d’aide trop importante côte chinois, on pourrait ouvrir une enquête de la même façon », a-t-il déclaré au micro de BFM TV.
- Le mois dernier, Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, avait déjà jeté un pavé dans la mare sur LinkedIn. Il avait ainsi noté que les fabricants chinois d’éoliennes avaient mis en œuvre une « stratégie agressive pour pénétrer les marchés européens ».
- « Les fabricants chinois proposeraient aux développeurs de projets européens des prix 15 à 55% inférieurs à ceux des éoliennes européennes, avec des paiements différés pouvant aller jusqu’à 3 ans et le refus de vendre des composants à des concurrents européens. », avait-il souligné.
- Et d’ajouter : « Je pense qu’il est temps d’examiner si ces conditions avantageuses sont dues à des conditions de financement attractives soutenues par l’État pour les constructeurs chinois qui ne seraient pas possibles dans l’UE. »
« Les Chinois pourraient vraiment être en colère »
La question : ce n’est plus vraiment de savoir si une enquête va être ouverte, mais quand.
- Selon les informations du Financial Times, une décision pourrait tomber dès ce mois-ci. Trois responsables européens le lui ont confirmé. À Bruxelles, on disposerait déjà « des éléments suffisants » pour lancer une enquête antidumping sur les éoliennes chinoises.
- Le seul élément qui ferait encore douter les dirigeants européens est la réaction de la Chine. Car la Commission a déjà lancé une autre enquête antidumping à son encontre en septembre, sur les véhicules électriques. Pékin n’avait déjà pas du tout apprécié. Alors, une deuxième en deux mois…
- « Ils pourraient être vraiment en colère », a confié un responsable européen au FT.
- Cette enquête entrerait dans le cadre d’un plus large paquet de décisions visant à stimuler l’industrie européenne de l’éolien. Un « train de mesures » déjà évoqué le mois dernier par Ursula von der Leyen dans son discours sur l’état de l’Union. Il est censé se matérialiser par :
- Une accélération de la délivrance des permis.
- Une amélioration des systèmes d’enchères.
- Un élargissement de la focale mise sur les compétences, l’accès aux financements et la stabilité des chaînes d’approvisionnement.