Des recherches indiquent que la pollution de l’air aurait un impact sur les contaminations au COVID-19. Des résultats validés.
Une exposition à long terme aux particules de pollution augmenterait les chances de contracter le virus d’environ 10 %. Dans leur étude, les scientifiques ont pris pas moins de 20 autres facteurs en compte, dont la densité moyenne de la population, l’âge, la taille des ménages, la profession et l’obésité.
L’air pollué impacterait également la manière et la vitesse à laquelle le Covid-19 se répand en Europe, aux États-Unis et en Chine. Une étude réalisée aux Pays-Bas a également permis d’éliminer l’hypothèse des grandes villes, le phénomène ayant été observé également dans des zones rurales.
Des avis contrastés
De nombreux experts s’accordent à dire que la pollution atmosphérique impacte le taux de contaminations au Covid-19 et la manière dont l’épidémie se propage. Tous ne s’accordent néanmoins pas pour dire que la preuve est assez solide que pour certifier que la pollution a un impact aussi important sur l’épidémie.
On sait déjà que l’air pollué attaque les poumons, qu’il provoque des maladies respiratoires et cardiaques, ce qui rend les gens plus vulnérables. ‘Ce qui m’a frappé, c’est qu’il s’agit vraiment d’une relation flagrante’, a déclaré le professeur Matthew Cole, qui a mené récemment des recherches avec ses collègues Ceren Ozgen et Eric Strobl au sein de l’université de Birmingham, au Royaume-Uni.
Contrairement à la plupart des études réalisées jusqu’ici, le document aurait été examiné par des scientifiques indépendants. Il aurait également été validé pour publication dans une revue appelée Environmental and Resource Economics. ‘En utilisant des données détaillées, nous sommes parvenus à la preuve irréfutable que la pollution de l’air pouvait impacter la vitesse et la manière à laquelle le virus se répand. Cette relation persiste même après contrôle d’un large éventail de [facteurs] explicatifs’, a conclu l’équipe d’experts dans son rapport.
Une ‘surinterprétation’ ?
Les autres facteurs pris en compte pour réaliser l’enquête portaient sur le revenu moyen, le niveau d’éducation, le tabagisme, la part de la population bénéficiant d’une allocation d’invalidité et la proximité des frontières internationales.
Le professeur Francesca Dominici, chercheuse de Harvard qui a mené une enquête similaire récemment, a salué le travail des experts. Elle a déclaré qu’il était important d’examiner la relation entre la pollution de l’air et les résultats de Covid-19 dans de nombreux pays, car chaque pays possède ses forces et ses faiblesses et doit être analysé dans un contexte bien précis.
‘La pollution de l’air ne fait pas encore l’objet d’une attention suffisante dans le cadre de l’épidémie’, a déclaré Francesca Dominici. ‘Mais il faut espérer qu’avec la publication de cette étude, le sujet fasse l’objet d’une attention plus importante de la part des politiques’, poursuit-elle.
Toutefois, le professeur Mark Goldberg de l’université McGill au Canada ne partage pas cet avis. Il affirme que les calculs effectués pour obtenir la moyenne des données sur une région spécifique ‘masquent’ d’autres explications possibles. Il craint qu’une surinterprétation encourage les chercheurs à faire l’impasse sur d’autres facteurs importants.
La pollution de l’air rend-elle la pandémie encore plus invasive et dangereuse ? D’après Goldberg, ‘seules des données à échelle individuelle permettront de résoudre l’énigme de façon concluante’.