Une IA développe une politique fiscale plus équitable qui épargne la classe moyenne

Aux Etats-Unis, des chercheurs ont créé une IA capable de tester des millions de politiques fiscales et leurs effets sur la population pour trouver la plus équitable possible.

Même si cela fait plusieurs millénaires que l’homme impose des taxes à ses congénères, il n’a toujours pas réussi à définir un optimum. Les économistes ne sont pas omniscients. Il est difficile de savoir comment la population va réagir aux politiques fiscales. Taxer la population permet de mieux répartir les richesses. Mais d’un autre côté, trop taxer peut nuire à la productivité. Trouver un équilibre est un vrai casse-tête.

En outre, ceux qui établissent ces politiques risquent d’être motivés par des biais idéologiques. Leurs décisions peuvent alors manquer d’objectivité.

Salesforce, une entreprise technologique américaine, pense qu’une intelligence artificielle pourrait être capable de définir quelle est la politique la plus équitable possible.

Apprendre en jouant

L’entreprise veut totalement revoir la manière de décider d’une politique fiscale. Pour elle, il faut se concentrer sur les données et s’en servir pour s’adapter.

L’algorithme ressemble à un jeu de gestion, comme l’explique le site Technology Review. Quatre IA représentent la population: elles récoltent du bois et de la pierre, pour la vendre ou pour construire des maisons. En fonction du niveau de compétence qui leur attribué, il sera plus lucratif pour elles de se concentrer uniquement sur la production ou sur la construction.

Une cinquième IA va décider de la politique fiscale. Après chaque année fictive, elle taxe les travailleurs. Son but: accroître les revenus fiscaux ET la productivité.

Ces 5 IA utilisent l’apprentissage automatique pour évoluer, ce qui signifie qu’elles apprennent de leurs expériences passées pour adapter leur comportement. Ainsi, en ayant aucune connaissance des théorie économiques, elles avancent par essais et erreurs.

Les experts chargés du projet ont pu remarquer une certaine interaction entre les IA. Le robot chargé de décider de la politique fiscale se basait sur les comportements économiques des travailleurs. Mais ensuite, les travailleurs s’adaptaient à la politique. Ils n’hésitaient pas à contourner le système pour payer moins. L’IA devait alors à nouveau calculer une nouvelle fiscalité.

Conclusion

Les résultats de cette optimisation montrent que la politique finalement retenue par l’IA est, selon Salesforce, 16% plus équitable qu’un cadre fiscal dit progressif étudié par les meilleurs économistes.

Mais concrètement quelle est la politique proposée l’IA? Il s’agit d’un mélange de théories progressives et régressives. Les taxes les plus lourdes sont attribuées aux classes les plus riches mais aussi aux plus pauvres. Les classes moyennes en sont pratiquement exemptés. Cela peut sembler contre-intuitif, mais selon l’IA, c’est la meilleure façon de réduire l’écart entre riches et pauvres.

Dans sa formulation, cette expérience restait assez simple et ne prenait en compte que 4 travailleurs. ‘Le monde réel est beaucoup trop compliqué’, indique Doyne Farmer, économiste à l’Université d’Oxford. L’outil ne peut donc pas, selon lui, être utilisé tel quel.

Mais, selon ses concepteurs, le programme est modulable: il est possible d’ajouter des travailleurs, mais aussi des paramètres plus précis. Le contexte d’une pandémie pourrait, par exemple, être testé.

Si cette première expérience n’aura certainement pas d’impact sur les réelles politiques fiscales, il pourrait à l’avenir devenir un outil dans la prise de décision.

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