« Une grève ? D’accord, mais travaillez quand même, et gratuitement ! »: quand la Hongrie réinvente le concept de grève

Le torchon brûle entre l’un des deux principaux syndicats des enseignants hongrois et le gouvernement. En cause: de lourds désaccords sur les salaires et les conditions de travail. Une actualité qui, de par sa nature hongro-hongroise ne devrait a priori pas susciter de réactions en dehors du pays. Sauf que les autorités hongroises ont proposé de révolutionner le concept de grève: lunaire.

L’histoire est rapportée par Telex, un média indépendant créé à l’automne 2020 via lequel des journalistes hongrois tentent d’échapper au strict contrôle de la presse que veulent imposer Viktor Orbán et son parti Fidesz depuis leur retour au pouvoir en 2010.

En net désaccord avec le gouvernement, le syndicat démocratique des enseignants (PDSZ) a vu de nouvelles négociations avec les autorités échouer. Résultat: il a confirmé la menace qu’il avait déjà brandie précédemment, à savoir une grève dite « d’avertissement », qui durera deux heures le 31 janvier prochain. Un avertissement vis-à-vis d’un mouvement de bien plus grande ampleur qui pourrait naître le 16 mars si la situation n’évolue pas: une grève d’une durée indéterminée.

Si le PDSZ a choisi de confirmer la grève de deux heures, c’est, bien sûr, car les discussions n’ont mené à rien. Mais, aussi, parce que ses représentants ont reçu une proposition « absurde » de la part du secrétaire d’État adjoint à l’éducation publique László Kisfaludy (Fidesz). D’après le syndicat, celui-ci a demandé à ce que les enseignants grévistes continuent de surveiller les élèves pendant les deux heures, mais, surtout, que 75% des cours continuent d’être organisés.

M. Kisfaludy leur a en fait demandé de travailler gratuitement, étant donné qu’aucun salaire n’est versé lorsqu’il y a grève. Les représentants syndicaux ont jugé la proposition inacceptable.

La grève aura donc bien lieu comme prévu, lundi prochain. D’après le PDSZ, plus de 20.000 enseignants ont déjà prévu d’y participer.

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