Une corruption gigantesque pèse sur les voyages spatiaux russes

Le secteur spatial russe est en proie à une corruption astronomique, a indiqué le Sledstvennyi Komitet, le Comité d’enquête de la Fédération de Russie, l’équivalent russe du FBI. Des milliards de roubles ont disparu, des fonctionnaires ont été emprisonnés ou ont fui le pays. Le problème est tel que les acitvités de l’agence spatiale russe Roskosmos seraient compromises.

Le secteur spatial russe est au cœur d’un détournement de fonds époustouflant qui a freiné les ambitions de retrouver sa grandeur de l’ère soviétique.

Fier

Pendant des années, Moscou a essayé de remettre sur les rails cette industrie qui était une immense source de fierté pour l’URSS. Bien qu’il se soit remis de l’effondrement post-soviétique et qu’il soit devenu un acteur mondial de premier plan, le secteur spatial russe a récemment connu un série d’échecs humiliants.

Les scandales de corruption à l’agence spatiale Roscosmos ont éclipsé les projets de lancement de nouvelles fusées et de nouvelles stations lunaires.

« Des milliards de roubles sont volés, des milliards », a déclaré Alexander Bastrykin, président du comité d’enquête russe. Les enquêtes sur la corruption à Roscosmos se poursuivent depuis environ cinq ans, mais aucune issue n’est en vue », a-t-il ajouté.

La corruption concerne principalement les deux projets spatiaux les plus importants de la décennie menés par la Russie: GLONASS et la construction du cosmodrome Vostochny.

Le Russie développe un système de navigation par satellite baptisé GLONASS, conçu pour concurrencer le système GPS américain. Avec le cosmodrome Vostochny, la Russie souhaite également disposer de sa propre base de lancement. À l’époque soviétique, tous les lancements avaient lieu à partir de la base de Baïkonour, située au Kazakhstan. La Russie cherche ainsi à réduire sa dépendance à l’égard d’un autre pays pour le développement de son industrie spatiale.

Fraude

Presque toutes les grandes entreprises du secteur, y compris les constructeurs de fusées Khrunichev et Progress, ont été frappées par des scandales financiers.

Selon la Cour des comptes de Russie, la fraude financière à Roskosmos s’élevait en 2017 à 760 milliards de roubles (environ 11,7 milliards de dollars), soit près de 40% du total des irrégularités de l’économie russe enregistrées cette année-là.

Roscosmos a reconnu l’éradication de la corruption était l’un de ses objectifs principaux. A la mi-avril, le président Vladimir Poutine a souligné la nécessité de « résoudre progressivement les problèmes évidents qui freinent le développement du secteur spatial russe ».

Le redémarrage du secteur spatial est une question de prestige pour le Kremlin. Il symbolise sa fierté renouvelée et sa capacité à devenir une puissance mondiale majeure, en particulier dans le contexte de tensions croissantes avec les États-Unis.

Suite à l’effrondrement de l’Union soviétique, le secteur spatial russe a presque été ruiné dans les années 90. Cependant, l’industrie s’est maintenue à flot grâce à des contrats commerciaux étrangers.

Paradoxalement, la situation s’est détériorée au début des années 2000, alors que l’économie russe se développait. L’afflux de fonds publics a alimenté la fraude et la recherche spatiale a cessé de progresser.

« Seule la Station spatiale internationale (ISS) échappe à la crise car elle joue un rôle politique important visant à maintenir la coopération internationale », soulignent les experts.

Selon certains analystes, Dmitry Rogozin, le directeur général de Roskosmos, a du mal à résoudre les problèmes de l’industrie spatiale russe. Selon le communauté scientifique russe, Rogozin, diplômé en journalisme, n’a pas assez de connaissances du secteur spatial.

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