Dimanche soir, en Cisjordanie occupée, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a rencontré Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne (AP), pour discuter de la situation sécuritaire, civile et économique sur le territoire. Une telle discussion n’avait plus eu lieu depuis des années.
Un pas « très douteux » vers un nouveau processus de paix entre Israël et l’Autorité palestinienne
Pourquoi est-ce important ?
Les relations entre Israël et l'AP, qui est basée en Cisjordanie occupée par Israël, se sont considérablement détériorées ces dernières années. Il s'agit de la première réunion de haut niveau entre les deux parties depuis 10 ans, et de la première depuis l'entrée en fonction du Premier ministre Naftali Bennett en juin. L'ancien Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, au pouvoir de 2009 à 2021 et soutenu par Donald Trump, n'avait fait aucun effort substantiel pour parvenir à une paix durable tout en supervisant une expansion constante des colonies juives illégales en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupée. Les colonies et les avant-postes sont considérés comme illégaux au regard du droit international.Dans le vif du sujet
Gantz, chef d’un parti centriste de la coalition gouvernementale israélienne, a déclaré à Abbas « qu’Israël cherche à prendre des mesures qui renforceront l’économie de l’AP ». Ils ont également discuté de l’évolution de la situation sécuritaire et économique en Cisjordanie et à Gaza », a indiqué un communiqué du ministère israélien de la Défense. Gaza étant une enclave palestinienne sous blocus israélien et séparée de la Cisjordanie.
Gantz et Abbas auraient discuté des mesures possibles pour améliorer les relations – y compris les demandes palestiniennes d’un arrêt des opérations militaires israéliennes en Cisjordanie occupée, l’autorisation du regroupement des familles avec des proches en Israël, et l’autorisation d’un plus grand nombre de travailleurs palestiniens en Israël, selon un responsable palestinien sous couvert d’anonymat.
« Ils ont convenu de poursuivre la communication », a ajouté le communiqué israélien.
Ces entretiens ont eu lieu quelques heures après que le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, ait eu un entretien avec le président américain à la Maison Blanche. Un communiqué de la Maison Blanche a déclaré que M. Biden a réitéré à M. Bennett son soutien à une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien et « a souligné l’importance des mesures visant à améliorer la vie des Palestiniens ».
Diplomatie de façade ?
Les pourparlers marquent un changement net d’engagement, mais selon Natasha Ghoneim, journaliste à Jérusalem Ouest pour Al Jazeera, il est « très douteux » qu’ils constituent un pas vers la relance du processus de paix.
« Le nouveau Premier ministre Naftali Bennett est un nationaliste et a dit qu’il s’opposait à un État palestinien, on ne peut donc pas s’attendre à ce que les négociations sur le processus de paix soient à son ordre du jour… Ce qui est vraiment à souligner ici, c’est le maintien du statu quo. »
En effet, le bureau de Bennett a indiqué à plusieurs reprises qu’ils n’ont pas l’intention d’entamer un nouveau cycle de négociations de paix.
Lundi, Bennett a cherché à minimiser toute idée d’un mouvement vers de nouvelles négociations de paix. Les médias israéliens ont cité « une source proche du Premier ministre », qui a déclaré : « Il n’y a pas de processus diplomatique avec les Palestiniens, et il n’y en aura pas ».
Protéger ses arrières
Toutefois, de hauts responsables israéliens ont indiqué qu’ils souhaitaient donner un coup de pouce à l’Autorité palestinienne, car ils craignent un nouveau conflit avec le Hamas, le groupe qui gouverne la bande de Gaza.
L’Autorité palestinienne d’Abbas a, elle aussi, fait l’objet de critiques mondiales croissantes concernant la répression des droits fondamentaux, à la suite de la mort d’un militant de premier plan sous la garde des Palestiniens. Outre la question de sa légitimité, L’AP est aussi largement considérée comme corrompue et autoritaire. Un récent sondage réalisé en juin a montré que le soutien à Abbas, qui a pris le pouvoir en 2005 pour un mandat qui était censé être de quatre ans, s’est effondré.
En ce moment, le contexte politique est critique, aussi bien dans la bande de Gaza, qu’en Cisjordanie et en Israël, et ne semble pas favorable pour trouver une solution à long terme.
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