Actions et obligations ont perdu l’équivalent de 36.000 milliards de dollars au cours des 9 premiers mois de l’année, indique Bloomberg. Et le dernier trimestre de 2022 ne devrait pas arranger les choses.
Quelle chute vertigineuse, et ce n’est sans doute pas fini. La poussée de l’été sur les marchés s’est avérée n’être qu’une accalmie. Tous les principaux indices boursiers sont dans le rouge, le Nasdaq à nouveau en tête.
Mais on ne parle pas ici uniquement des actions. Le marché obligataire est également en crise. 36.000 milliards de dollars sont partis en fumée, même en 2008 et en 2020, on n’avait pas connu un tel effondrement.
Il faut dire que 2021 avait été également exceptionnelle, dans l’autre sens. La politique de « l’argent gratuit » des banques centrales a créé une véritable bulle sur les marchés. Mais la planche à billets a aussi créé un monstre : l’inflation, que ces mêmes banques centrales tentent aujourd’hui de combattre, à coup de hausses des taux d’intérêt. Sans grand succès, il faut bien le constater.
En quelques mois, on est passé de taux nuls, voire négatifs, à des taux compris entre 3 et 5%, selon les pays. La Bank of America a calculé qu’à travers le monde, il y a déjà eu 294 hausses de taux d’intérêt depuis août 2021, ainsi que 3.100 milliards de dollars de « resserrement quantitatif » au cours des sept derniers mois.
En conséquence, actions et obligations se sont effondrées. Même l’or, valeur refuge par excellence, ne profite pas de la tempête. Seul le roi dollar sort la tête de l’eau.
Crédit Suisse, le Lehman Brothers de 2008 ?
Comme un symbole, la banque Crédit Suisse représente la débandade sur les marchés. Elle est en tout cas dans une situation critique et le cours de son action a chuté de 56% depuis le début de l’année.
Est-elle, à l’instar de Lehman Brothers, le signal d’un effondrement généralisé ? Interrogé par CNBC ce matin, le célèbre économiste Mohammed El-Erian ne le pense pas: « Si vous vous inquiétez du risque systémique, ne regardez pas du côté des banques. L’inquiétude ne porte pas seulement sur les choses que nous connaissions (les conditions géopolitiques, les erreurs des banques centrales, le ralentissement de l’économie, NDLR.), mais aussi sur le fonctionnement du marché. Le fonctionnement du marché commence à être un problème. »
36.000 milliards, c’est l’équivalent de la valeur des 100 plus grandes entreprises mondiales cotées en bourse.
Et ce n’est pas fini : le 4e trimestre devrait voir à nouveau des réponses fortes des banques centrales pour juguler l’inflation. Tous les investisseurs sont dans l’attente du moment « pivot », un signal qui montrera que les banques centrales sont allées assez loin, et qu’elles commenceront à rabaisser leurs taux d’intérêt, face au risque de récession. Mais l’attente de ce pivot repose sur une croyance : le fait que les banques centrales aient encore une vraie influence sur l’inflation. C’est pourtant leur mission principale.