Un million d’obus supplémentaires par an : le grand plan de l’UE « pour l’Ukraine et pour notre propre sécurité »

Le commissaire chargé du marché intérieur, Thierry Breton, dévoile son plan de production de munitions pour l’Ukraine. Et cela doit se faire le plus rapidement possible.

Dans l’actualité : ASAP, ou Act in Support of Ammunition Production, doit débloquer un demi-milliard d’euros pour augmenter la production d’obus et munitions au sein de l’UE. Objectif : monter la capacité de production à un million d’obus par an en Europe.

  • La loi proposée est la troisième et dernière étape du plan visant à fournir à l’Ukraine des munitions supplémentaires. La proposition requiert la mobilisation d’un demi-milliard d’euros, à prélever sur les marges du budget européen de l’année prochaine. Les États membres peuvent également utiliser l’argent du fonds de relance RFF ou des fonds pour les régions défavorisées afin de soutenir leurs propres industries.
  • La situation a été mise en avant à maintes reprises : L’Ukraine tire chaque jour 5.000 obus d’artillerie lourde sur les positions russes. Or, pour les munitions de 155 mm, entre autres, elle compte sur les approvisionnements de l’Occident, mais les stocks des armées européennes sont eux aussi en train de se vider très rapidement, et l’industrie ne peut pas suivre un tel rythme.
  • La Commission européenne a dévoilé un plan en trois volets visant à soutenir davantage l’Ukraine, tout en préparant immédiatement sa propre industrie de défense pour l’avenir. La première étape a consisté à cartographier les stocks de munitions des États membres et à en transmettre une grande partie à l’Ukraine. La deuxième étape consistait, elle, à acheter conjointement des munitions auprès d’entreprises de défense. Pour chacune de ces deux étapes, l’UE avait mis de côté un milliard d’euros provenant de son fonds « facilité européenne de soutien à la paix ».
  • La troisième et dernière étape est maintenant remplie par l’ASAP. La Commission européenne débloque des fonds pour consolider la production de munitions et la chaîne d’approvisionnement. Grâce à cet argent, les entreprises devraient être en mesure de passer plus rapidement à un rythme d’économie de guerre et d’augmenter et d’accélérer leur production. L’objectif ultime du plan européen sur les munitions est d’augmenter la capacité jusqu’à un million d’obus par an d’ici la fin de l’année.

La détermination de M. Breton, bien qu’elle soit dans l’intérêt de l’Ukraine et du renforcement de l’industrie européenne de la défense, soulève néanmoins certaines questions.

  • Ce n’est un secret pour personne que l’industrie française reçoit beaucoup d’argent. Début avril, la France était encore en désaccord sur la définition de « l’industrie européenne ». Plusieurs pays souhaitaient une définition aussi large que possible, afin de faciliter l’approvisionnement de l’Ukraine. La France vient d’œuvrer pour restreindre fortement cette définition, en excluant notamment la Norvège, qui n’est pas un État membre de l’UE.
  • En cela, elle bénéficie du soutien de la Grèce et de Chypre, entre autres : ces pays voudraient éviter à tout prix que l’industrie turque (la Turquie est un allié de l’OTAN mais n’est pas membre de l’UE) réclame de l’argent de l’UE. La Turquie et la Grèce se disputent depuis des années certaines îles de la mer Égée, et surtout les gisements de pétrole et de gaz qui les entourent.
  • Si l’argent était partagé entre un nombre plus restreint d’entreprises participantes, cela jouerait en faveur de la France, qui obtiendrait ainsi une plus grande part de l’enveloppe pour ses propres usines d’armement.
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