La DMSA allemande, une société d’études de marché qui détient elle-même des obligations Evergrande, prépare actuellement une demande visant à faire déclarer le promoteur immobilier en faillite par le tribunal chinois.
La Deutsche Marketscreening Agentur appelle également tous les investisseurs concernés à soutenir la demande. Evergrande a pourtant évité de justesse un défaut de paiement ce jeudi, a confirmé Bloomberg. Le géant chinois est parvenu à payer à temps des intérêts obligataires à hauteur de 128 millions d’euros. L’action du groupe a même bondi de 8% ce jeudi.
Menace
Mais la deuxième société immobilière de Chine se débat encore avec une montagne de dettes de 300 milliards de dollars. On est donc encore très loin du compte. Rien que sur l’année 2022, 8 milliards de dollars d’intérêt seront dûs. Par le passé, l’entreprise a manqué certains paiements, mais elle a généralement pu les rembourser après une prolongation de 30 jours dits de grâce. Ou du moins, c’est ce que tout le monde pensait. La société a connu plus de difficultés à rembourser qu’elle ne le dit, ont confié récemment deux sources à Reuters.
La DSMA n’est pas restée les bras croisés et a indiqué qu’Evergrande pouvait désormais être considérée comme une entreprise défaillante. Dans une étude, la société a montré qu’une faillite du géant de l’immobilier entraînerait une « grande réinitialisation », c’est-à-dire l’implosion du système financier mondial.
Le fait que la DMSA dépose elle-même une demande de mise en faillite peut surprendre, mais en arrivera-t-on là ? La société pourrait vouloir utiliser la demande d’insolvabilité comme levier pour forcer le gouvernement chinois à injecter des fonds à Evergrande et au marché immobilier chinois. De cette manière, DMSA espère pouvoir encore recouvrer le montant dû par Evergrande, plutôt que d’attendre la faible structure de liquidation du mastodonte immobilier.
Risques de contagion
Une faillite d’Evergrande pourrait en effet avoir des conséquences considérables : l’entreprise emploie actuellement 200 000 personnes ; 3,8 millions de Chinois supplémentaires vivent indirectement des activités de l’entreprise (en tant que fournisseurs, par exemple). Evergrande construit actuellement 1,4 million de logements, dans lesquels les citoyens ont investi un total d’environ 170 milliards d’euros.
La montagne de dettes de la société s’élève encore à 300 milliards de dollars, ayant emprunté auprès de centaines de banques et d’institutions financières. En outre, plusieurs dettes restent inexpliquées parce que la société a contracté des « prêts à court terme » locaux auprès de son propre personnel et de petits fournisseurs. Les autorités de Pékin n’enregistrent pas ces prêts comme des dettes officielles. Si l’entreprise devait faire faillite, de nombreux investisseurs, clients et fournisseurs perdraient de l’argent.
De plus en plus, la question se pose de savoir si la crise d’Evergrande peut être comparée à l’effondrement du fournisseur de services financiers américain Lehman Brothers, qui a déclenché la crise du crédit en 2007. Les deux situations sont très similaires, même si les optimistes soulignent qu’Evergrande opère presque exclusivement en Chine, alors que Lehman Brothers opérait au niveau mondial. Ce qui est clair, c’est qu’Evergrande a contaminé le marché immobilier local chinois. Quoi qu’il en soit, ce n’est que maintenant que l’on découvre que plusieurs géants de l’immobilier en Chine entretenaient le même système d’endettement douteux.