Après la naissance d’un bébé, les parents risquent d’être confrontés jusqu’à six ans de privation de sommeil. Telle est la conclusion principale d’une étude réalisée par des scientifiques de l’Université de Warwick, basée sur l’observation de près de 5.000 pères et mères en Allemagne. Les chercheurs ont constaté que le problème atteignait son paroxysme environ trois mois après la naissance. Par ailleurs, les femmes sont davantage concernées.
Même si les parents voient progressivement leur sommeil s’améliorer au fur et à mesure que le nouveau-né grandit, leur repos nocturne n’est plus jamais le même.
Nouvelles responsabilités
« Nous ne nous attendions pas à découvrir cela. Apparemment, le problème est lié aux nouvelles responsabilités que les couples doivent assumer après la naissance d’un enfant », a déclaré Sakari Lemola, directeur de recherches et professeur de psychologie à l’Université de Warwick.
Même si les enfants cessent de pleurer pendant la nuit lorsqu’ils grandissent, ils peuvent encore se réveiller, être malades ou faire des cauchemars. Tout cela va perturber la nuit des parents. Le stress et les soucis liés à la parentalité affecteront également le sommeil du couple.
Sans surprise, l’équipe de chercheurs a découvert que ce phénomène affectait principalement les femmes. Ces dernières ont signalé une diminution de la satisfaction de sommeil la première année après la naissance de l’enfant. Sur une échelle de dix points, les mères ont perdu 1,7 point en moyenne pour le premier enfant durant la première année. La perte de qualité de sommeil était d’un peu plus d’un point pour les enfants suivants. Par ailleurs, les mères ont également perdu environ 40 minutes de sommeil par nuit au cours de l’année suivant la naissance d’un bébé.
Une analyse plus approfondie des données a montré que les trois premiers mois après la naissance d’un premier enfant étaient particulièrement éprouvants. Les femmes ont perdu en moyenne plus d’une heure de sommeil par nuit pendant cette période.
Des tendances similaires ont été observées chez les pères, mais les effets étaient moins prononcés. Même trois mois après la naissance de leur premier enfant, les pères n’ont perdu que 13 minutes de sommeil.
Problème persistant
Les chercheurs ont également constaté que l’impact du premier enfant continue d’affecter les deux parents pendant longtemps. Même après avoir pris en compte l’impact des enfants ultérieurs, les mères ont continué à faire face à un manque relatif de sommeil, en termes de qualité et de quantité, pendant une période prolongée.
Ces problèmes affecteraient les femmes pendant quatre à six ans après la naissance du premier enfant. La satisfaction globale à l’égard du sommeil était généralement inférieure de 1% à celle de la première grossesse. La durée du sommeil a été réduite d’environ vingt-cinq minutes.
En revanche, après la naissance d’un deuxième enfant, le sommeil des mères a retrouvé son niveau d’avant la grossesse. A partir du troisième enfant, le rétablissement du sommeil était presque total.
Selon Lemola, il y a une explication logique à cela. « En raison de l’impact du tout premier nouveau-né, la durée et la qualité du sommeil sont de moins bonne qualité. Le point de comparaison est inférieur. »
Cathy Finlay, chercheuse au National Childbirth Trust, souligne que les parents peuvent utiliser un certain nombre de tactiques pour atténuer les effets du sommeil perturbé. « La privation de sommeil peut être épuisante physiquement et émotionnellement », dit-elle. « Les parents devraient essayer de se soucier le moins possible de tâches non essentielles. »
« En outre, il faut accepter l’aide proposée par la famille et les amis. Il est également conseillé de combiner le sommeil de l’enfant pendant la journée avec ses propres pauses. Les parents peuvent également se répartir les moments où ils s’occupent du nouveau-né pendant la nuit. Les perturbations du sommeil peuvent être difficiles et épuisantes, mais elles ne dureront pas éternellement. »