Trois puissances européennes ont un plan pour permettre aux entreprises de commercer avec l’Iran. Elles veulent ainsi sauver l’accord nucléaire signé avec la République islamique en 2015. De même, elles veulent également contourner les sanctions économiques imposées par le président américain Trump.
« L’Europe est lassée des caprices de Trump »
La présentation du plan aura lieu bientôt, selon l’agence de presse Bloomberg (€). Le plan sera présenté à l’UE-28 pour approbation lundi. Reste à savoir si le plan aura des conséquences économiques majeures. Le fait est que l’initiative montre surtout que l’Europe est lassée des caprices de Trump.
Au début du mois de mai 2018, Trump a retiré son pays de l’accord avec l’Iran. L’une des conséquences de cette décision américaine est que les entreprises qui continuent à commercer avec l’Iran se retrouvent isolées du système de paiement international dominé par le dollar. Aujourd’hui encore, selon la BRI (Banque des règlements internationaux) plus des deux tiers du commerce international sont réglés en dollars. Les réserves mondiales sont également détenues pour le même pourcentage en dollars.
Pour les Européens, cela signifie que tôt ou tard, ils doivent traiter avec une banque américaine en tant que correspondante, sauf s’ils sont prêts à voyager avec des valises pleines de dollars. C’est précisément là que Washington veut frapper Téhéran. Quiconque ne respecte pas les sanctions sera coupé du système financier américain, et c’est précisément l’objectif de ces sanctions.
Les Etats-Unis ont peu à perdre en Iran, l’UE, en revanche…
Comme le montre le graphique ci-dessous, les Américains ont peu ou rien à perdre en Iran au niveau commercial. En revanche, pour l’UE, la situation est radicalement différente…
L’UE veut maintenant permettre aux entreprises de recevoir des paiements iraniens sous forme de futures livraisons de pétrole, de produits alimentaires ou de médicaments. Il n’y aurait pas d’argent en jeu, ce qui signifie que les entreprises impliquées ne risqueraient pas de subir des sanctions américaines.
Selon l’administration Trump, le mécanisme que les Européens envisagent est un « enfant mort-né » et les entreprises européennes n’échapperont pas aux sanctions, selon le rapport de Washington.
L’Europe doit revoir son partenariat avec les Etats-Unis
L’Allemagne et la France ont toutes deux envisagé au cours des derniers mois des solutions alternatives pour se débarrasser de la domination mondiale du dollar.
En août, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a écrit dans un article d’opinion publié dans le journal Handelsblatt que l’Europe réviserait son partenariat avec les États-Unis. Maas est favorable à la mise en place d’un système de paiement international indépendant du dollar. Celui-ci permettrait à l’Europe de continuer à faire affaire avec l’Iran. « Nous ne devons pas accepter simplement que Washington prenne des décisions sans nous consulter, à nos frais », a écrit Maas.
« L’Amérique n’est pas le gendarme économique du monde »
Son homologue français, Bruno Le Maire, a déclaré peu après l’annonce du retrait des Etats-Unis de l’accord nucléaire par Donald Trump qu’il n’était « pas acceptable » que les États-Unis s’érigent en « gendarme économique de la planète ». La déclaration de Le Maire n’est pas anodine, car la France menace de devenir l’un des grands perdants de la décision de Trump. devenir. Airbus, Peugeot et Total ont été les grands gagnants du « réveil amical » de l’Iran à l’égard de l’Europe occidentale, qui a fait de nos voisins du Sud les plus importants investisseurs dans cet État paria, évité ces dernières décennies comme un fléau par presque toute la communauté internationale.