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La fin d’un symbole des inégalités nord-sud ? L’UE va interdire l’exportation des déchets plastiques vers les pays pauvres

La fin d’un symbole des inégalités nord-sud ? L’UE va interdire l’exportation des déchets plastiques vers les pays pauvres
La Turquie, haut lieu du traitement des déchets plastiques de l’OCDE – théoriquement recyclés.. (Photo by Sebnem Coskun/Anadolu Agency via Getty Images)

L’UE veut mettre fin à l’exportation des déchets plastiques vers les pays pauvres. Une manière de pousser ses ordures sous le tapis plutôt que de les traiter soi-même et dans les règles qui devra cesser. Une bonne nouvelle : ces déchets finissent souvent brûlés en plein air, ce qui est catastrophique tant pour le climat que pour les populations voisines.

C’est un petit pas contre les inégalités entre pays riches et pauvres, mais c’est aussi un grand pas vers un meilleur traitement des plastiques et autres déchets non biodégradables. Le Parlement européen et le Conseil des États membres de l’UE ont conclu un accord provisoire interdisant l’exportation des déchets vers des pays non membres de l’OCDE. C’est la fin d’un commerce honteux qui a été surnommé le « colonialisme des déchets« .

Commerce des déchets plastiques

  • Cette pratique consiste, pour des pays qui produisent beaucoup de déchets, à exporter une partie de ce flux. Généralement vers des pays plus pauvres, et moins bien équipés pour une gestion responsable de ces déchets. C’est littéralement refiler la patate chaude, à quelqu’un qui n’a même pas forcément de fourchette.
  • Résultat : des ordures partiellement recyclées, sans faire grand cas des risques de pollution. Et qui terminent souvent leur parcours en étant brulées, parfois en plein air.

Cette capitalisation des déchets, rejetés vers les pays pauvres, doit prendre fin selon un accord provisoire qui a été voté le 17 novembre dernier. Le texte, qui vient d’être rendu public, vise l’interdiction, sous deux ans et demi après entrée en vigueur, de l’exportation de déchets plastiques vers des pays non membres de l’OCDE.

Et au sein de l’UE, les expéditions de déchets dans un autre pays pour tri et traitement seront interdites, sauf traçage strict jusqu’à un organisme agréé. Seule exception : la liste verte des matériaux non dangereux.

Du plastique sous le tapis

  • Une décision saluée comme une victoire par les groupes environnementaux, relève Euractiv. Qui rappelle au passage que l’UE a exporté plus d’un million de tonnes de déchets plastiques vers des pays où ils finissent généralement par être déversés ou brûlés à ciel ouvert en 2022. Et une bonne partie de cette exportation des ordures quitte vite les sentiers bien balisés des centres de recyclage pour tout simplement finir dans la nature.
  • Les principales destinations hors OCDE (50% des déchets) sont la Malaisie, le Vietnam, l’Indonésie et la Thaïlande. Mais même au sein des pays qui font partie de l’Organisation de coopération et de développement économiques, on constate une sous-traitance des déchets : la Turquie, à elle seule, en récupère 33%.
  • Du côté des sources de cette pollution, on peut citer comme exemple la France : notre voisin du sud produit, en moyenne par habitant, deux fois plus de déchets que la moyenne mondiale (580 kg par Français et par an, contre 287 kg).
  • Le pays exportait 800.000 tonnes de déchets plastiques rien qu’en 2021, soit le double de ce qu’il importe pour traitement des pays limitrophes comme le nôtre. On peut donc suspecter que des déchets belges qui devaient être traités en France se retrouvaient dans des décharges d’Extrême-Orient.

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