Le calme est revenu sur les marchés après l’acquisition du Credit suisse par UBS. Hans Degryse, professeur de finance à la KU Leuven, note que la banque fusionnée est désormais confrontée à des défis majeurs.
Les détails : En reprenant Credit Suisse, UBS élimine immédiatement son plus grand concurrent du marché. « Mais il ne faut pas oublier que le géant bancaire a intégré une banque en proie à des problèmes financiers. Cela entraîne naturellement des défis », explique Degryse dans une interview accordée à Business AM.
- « Tout d’abord, UBS doit réussir l’intégration de Credit Suisse. La banque éliminera ainsi les mauvais éléments de son ancien concurrent », précise le professeur.
- UBS essaiera aussi de réduire la partie banque d’investissement, car cette branche du Credit Suisse est associée à beaucoup de risques.
- « En plus, les deux banques ont de nombreux clients en commun. Il reste à voir comment ils réagiront à la fusion. Je m’attends à ce que certains d’entre eux retirent certains de leurs actifs pour diversifier leur portefeuille », continue Degryse.
- Enfin, la fusion obligera UBS à détenir plus de capital. « La Suisse a maintenant créé une banque systémique géante. Et il sera plus difficile de la sauver si elle dépasse les bornes », ajoute-t-il.
L’essentiel : cette crainte de giga-banque plus difficile, voire impossible, à sauver se fait aussi entendre ailleurs.
- « Un monstre too big to bail » énonçait par exemple le président des verts suisses (parti d’opposition) Balthasar Glättli, ce lundi, relayé par RTS. C’est un détournement de l’expression too big to fail, qui signifie « une institution trop importante pour qu’on la laisse s’effondrer » : ici, elle serait trop grande pour que l’Etat puisse la renflouer.
- Les dépôts des clients auprès des deux banques fusionnées représenteraient plus de 330 milliards d’euros. Les dépôts des clients sont d’ailleurs les seuls actifs que l’État se voue à sauver. Le bilan des deux banques ensemble est d’environ 1.700 milliards d’euros.
- Surtout que l’Etat a déjà injecté beaucoup d’argent dans ce dossier. D’abord un prêt de 50 milliards d’euros à Credit Suisse. 100 milliards de plus sont prévus pour cette fusion des deux banques – mais rappelons que la Banque nationale suisse a déjà accusé une perte nette gigantesque de plus de 130 milliards d’euros l’année dernière. Le gouvernement met également 10 milliards d’euros à disposition d’UBS, comme garantie contre les pertes.
- Y aura-t-il encore de la marge pour intervenir si UBS rencontre des difficultés, par exemple à cause du rachat ou de défis à niveau macro (comme les taux d’intérêt) ? On le sait, recourir à la planche à billets peut avoir des conditions néfastes, comme l’inflation, la dépréciation de la monnaie et la perte de crédibilité d’un pays et de son économie (par exemple pour obtenir des prêts). Bref, un éventuel plan de sauvetage en cas de crise s’avance déjà très difficile.