En Turquie, les législateurs envisagent d’autoriser les muftis à célébrer les mariages civils. Un mufti est un religieux musulman du courant sunnite expert dans l’interprétation des lois. Il établit un lien important entre la théorie et la pratique de la loi coranique et détient également l’autorité de prendre des décisions juridiques sous la forme de fatwas. Le projet de loi n’est pas anodin ; jusqu’à présent, les mariages civils ne pouvaient être célébrés que par des fonctionnaires, et le mariage religieux était subordonné au mariage civil.Certains émettent des réserves concernant cette mesure, y voyant un nouveau signe que la Turquie se dirige de plus en plus vers un État fondé sur la charia.C’est ce que redoute notamment le théologien Cemil Kılıç de OdaTV. Il n’y voit pas une mesure isolée, mais une étape nécessaire dans le parcours pour introduire la charia dans le pays. Il rappelle que les programmes scolaires ont été remaniés pour inclure la culture de la religion et l’éthique. Selon lui, le seul objectif de ce remaniement vise à préparer les jeunes à l’introduction des lois de la charia :
« Soyons francs : le fait que les muftis mariages civils soient autorisés à célébrer des mariages civiles signifie que lois islamiques portant sur le mariage et sur le divorce seront légalisées. Ce qui entraînera la Turquie dans un tunnel sombre où elle sera transformée en Etat religieux ».
Les agents de maintien de l’ordre public ne peuvent plus épouser une « personne impure »
En janvier, le journal britannique The Independent a rapporté qu’un décret avait été émis par le gouvernement Erdogan, qui stipulait que les agents de maintien de l’ordre public, tels que les agents de police, les agents de sécurité et les gardes-côtes, pouvaient se voir suspendus de leurs fonctions pendant 24 mois s’ils épousaient une personne connue pour avoir été impliquée dans un adultère. Les fonctionnaires chargés de faire respecter la loi ne peuvent « se marier intentionnellement avec une personne qui est connue pour être impure, ou rester dans un mariage, ou continuer à vivre avec une telle personne », indique ce décret.Il défend également les agents d’abuser de l’alcool, du jeu, et de « se rendre dans des lieux qui pourraient nuire à leur réputation », ou « dépenser de façon excessive », le tout en dehors des heures de travail.Le think tank Gatestone Institute conclut lui aussi que la Turquie adopte graduellement une version « douce » de la charia :
« La Turquie, autrefois un état semi-moderne, glisse désormais rapidement vers l’ordre de la charia, mais sans que cela soit qualifié de charia ».