Merci Moscou : la Turquie inaugure sa toute première centrale nucléaire, avec les salutations de Poutine

Ce jeudi, la Turquie a célébré l’inauguration de sa première centrale nucléaire, construite par la compagnie russe Rosatom. Erdogan n’a pas manqué de remercier Poutine.

Pourquoi est-ce important ?

Parmi les membres de l'OTAN, la Turquie est l'un des pays qui a conservé les relations les plus cordiales avec la Russie depuis que la guerre en Ukraine a éclaté. Vladimir Poutine n'hésite pas à tenter de séduire Recep Tayyip Erdogan dès qu'il en a l'occasion, et le secteur de l'énergie lui sert souvent d'argument.

Dans l’actu : inauguration de la toute première centrale nucléaire turque.

  • Ce jeudi, la Turquie a inauguré le premier réacteur de sa première centrale nucléaire, baptisée Akkuyu, du nom de la baie où elle prend place.
  • Les présidents turc et russe ont participé virtuellement à la cérémonie, se jetant des fleurs l’un l’autre.

Le détail : 10% des besoins en électricité du pays.

  • Jeudi, la centrale a reçu sa première livraison de combustible nucléaire, permettant à la Turquie de rejoindre le club des pays utilisant l’atome pour produire de l’électricité.
  • Une fois les travaux achevés, la centrale sera composée de quatre réacteurs, pour une puissance nominale de 4.800 MW et environ 35 milliards de kWh d’électricité produits par an. L’installation permettra de couvrir 10% des besoins en électricité du pays.
    • « Toutes les tranches de la centrale seront mises en service progressivement jusqu’en 2028 », a fait savoir Erdogan.
  • Coût de l’opération : 20 milliards de dollars.
  • Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a salué l’événement.
    • « La Turquie est désormais entrée « dans une nouvelle phase de son développement économique, une nouvelle phase dans laquelle le nom du pays figure parmi ceux qui ont embrassé la promesse des atomes de paix, la promesse des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire », a-t-il souligné.

Poutine pousse pour que la Turquie devienne un hub gazier

Les réactions : Erdogan et Poutine se congratulent.

  • Aux manettes du projet, on retrouve la compagnie publique russe Rosatom.
  • Pour l’occasion, Erdogan avait convié Poutine à participer à la cérémonie d’inauguration, organisée en ligne.
  • Ce « projet phare » permet de « renforcer le partenariat à multiples facettes entre nos deux États », s’est réjoui le président russe. « La Turquie bénéficiera de l’avantage d’un pays qui possède sa propre énergie nucléaire, et l’énergie nucléaire, comme vous le savez, est l’une des moins chères », a-t-il ajouté.
  • De son côté, Erdogan a tenu à remercier Poutine.
    • « Comme de nombreux projets importants, Akkuyu a été réalisé avec un modèle de financement qui ne grève pas notre budget national. Akkuyu est notre plus gros investissement conjoint avec la Russie », a-t-il fait valoir.
    • « Nous prendrons des mesures pour construire une deuxième et une troisième centrale nucléaire en Turquie dès que possible », a également annoncé le président turc.

Le contexte : des relations cordiales.

  • Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Turquie tente de ménager la chèvre et le chou, entre son appartenance à l’OTAN d’une part et la volonté de conserver des liens économiques ténus avec la Russie.
  • Moscou est ouverte à une collaboration renforcée avec Ankara. Lors de l’appel téléphonique qui a précédé l’inauguration de la centrale nucléaire, Poutine a d’ailleurs invité Erdogan à approfondir la coopération économique, commerciale et agricole entre leurs deux pays.
  • Depuis plusieurs mois, le président russe tente notamment de convaincre Erdogan de faire de son pays un « hub gazier« , où transiterait le gaz russe avant de repartir, entre autres, vers les pays européens intéressés. Il a encore mis le sujet sur le tapis ce jeudi.
  • Lors de l’appel, les deux chefs d’Etat ont aussi discuté de la situation en Ukraine et de l’accord sur les céréales de la mer Noir, le deal de l’été dernier entre Ukrainiens et Russes ayant été signé à Istanbul sous l’égide de la Turquie.
Erdogan et Poutine lors de la cérémonie d’inauguration. (ADEM ALTAN/AFP via Getty Images)
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