Le Canada va renvoyer en Allemagne des turbines nécessaires à la maintenance de Nord Stream 1, le gazoduc sous-marin qui transporte le gaz naturel russe vers l’Europe. Selon les Canadiens, la livraison des turbines ne viole aucune des sanctions imposées à la Russie. L’Ukraine pense que oui.
Les turbines avaient été transportées à Montréal, au Canada, avant l’entrée en vigueur des sanctions russes, pour être réparées dans les ateliers de Siemens. Depuis l’entrée en vigueur des sanctions, les appareils sont détenus dans le pays nord-américain.
Les dispositifs seraient d’abord envoyés en Allemagne, qui les livrerait ensuite à Gazprom – en veillant à ce que le Canada ne viole pas les sanctions, a déclaré un initié à l’agence de presse Reuters.
« Le Canada accordera à Siemens Canada un permis révocable de durée limitée pour permettre le retour des turbines Nord Stream-1 réparées, ce qui aidera l’Europe à avoir accès à une énergie fiable et abordable », a déclaré Jonathan Wilkinson, ministre canadien des ressources naturelles, cité par plusieurs médias.
Arrêt du gaz
Toute l’affaire a commencé le mois dernier, lorsque Gazprom a commencé à réduire les livraisons de gaz par Nord Stream 1. La société d’État russe a attribué cette réduction – les flux de gaz n’atteignent aujourd’hui que 40 % de leur capacité – aux turbines manquantes, qui n’étaient pas revenues après leur entretien.
L’allemand Siemens Energy a ensuite déclaré : « En raison des sanctions imposées par le Canada, il est actuellement impossible pour Siemens Energy de livrer des turbines à gaz révisées aux clients. Nous avons informé les gouvernements canadien et allemand et nous travaillons à une solution. »
Pendant ce temps, les Allemands, les plus gros acheteurs de gaz russe, se préparent à un arrêt complet de l’approvisionnement en gaz. En raison des travaux de maintenance du gazoduc annoncés par la Russie, qui débuteront le 11 juillet, ils devront se passer de gaz russe pendant au moins 10 jours. Mais même après cela, ils ne voient pas les choses aller bien. C’est pourquoi les Allemands ont déjà commencé à prendre des mesures de rationnement, afin d’économiser les réserves de gaz.
Désaccord entre alliés
Vendredi, cependant, le Kremlin a déclaré qu’il augmenterait les livraisons de gaz à l’Europe si les machines réparées étaient rendues. L’Ukraine, principale victime de l’agression russe, avait auparavant demandé au Canada de ne pas succomber « au chantage du Kremlin », écrit l’agence de presse Belga.
Mais l’action du Canada vise surtout à atténuer la crise énergétique d’un allié. « En l’absence de l’approvisionnement nécessaire en gaz naturel, l’économie allemande connaîtra des difficultés majeures et les Allemands risquent de ne pas pouvoir chauffer leurs maisons à l’approche de l’hiver », précise Wilkinson. Le ministre canadien a accusé l’autocrate russe Vladimir Poutine de vouloir semer la discorde entre les alliés occidentaux.
(CP)