Trump et les démocrates attendent le lanceur d’alerte

Aux États-Unis, le Sénat républicain a adopté à l’unanimité une résolution demandant la divulgation d’une plainte déposée par un dénonciateur contre le président Trump. Cela devrait montrer si Trump a fait pression sur son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, pour qu’il lui fournisse des informations incriminantes sur Hunter Biden, le fils de l’ancien vice-président Joe Biden.

Hunter Biden a siégé pendant cinq ans au conseil d’administration d’une société gazière ukrainienne, mais n’a jamais fait l’objet d’une enquête de la part du gouvernement ukrainien. Trump aurait bloqué l’aide financière accordée à l’Ukraine par le Congrès américain pour exhorter Zelensky à accéder à sa demande.

Trump a déjà admis avoir fait une telle demande à Zelensky, mais affirme que le blocage de l’aide financière – ce qui pourrait indiquer une forme de contrepartie – n’avait rien à voir avec cette demande. L’ombre de l’avocat de Trump et ancien maire de New York, Rudi Giuliani, place sur cette affaire. Ce dernier réclame à nouveau un rôle de premier plan et s’est contredit à plusieurs reprises. Selon Giuliani, le fils de Biden aurait été impliqué dans des transactions commerciales corrompues en Ukraine et Joe Biden, en tant que vice-président, aurait tenté de renvoyer le procureur ukrainien de l’époque, car il voulait poursuivre son fils en justice. Le problème est que la chronologie citée par Giuliani dans cette histoire est tout simplement incorrecte.

La question fondamentale

La question fondamentale est de savoir si le président a tenté de bloquer l’aide financière approuvée par le Congrès au bénéfice de l’Ukraine et de l’utiliser comme une monnaie d’échange contre des informations incriminantes sur le fils de Joe Biden. Si cela peut être prouvé, il s’agit d’un pot-de-vin et Trump a bel et bien enfreint la loi.

Le Wall Street Journal déplore la politique de deux poids, deux mesures à laquelle Trump est soumis, mais décrit l’incident dans le même éditorial comme « une conséquence de son narcissisme politique destructeur ». Trump lui-même n’y voit aucun mal et parle d’une « conversation merveilleuse » avec son homologue ukrainien, Zelensky.

Sur Fox News, l’analyste juridique et juge Andrew Napolitano a qualifié cette nouvelle affaire de « monumentale » dans le contexte de l’histoire américaine. Selon Napolitano, demander de l’aide à une puissance étrangère pour favoriser sa propre campagne électorale constitue un délit.

Les démocrates ont entre-temps entamé une procédure formelle pouvant conduire à la destitution du président (impeachment). Si l’histoire du lanceur d’alerte est vraie, Trump aurait fait pression sur une puissance étrangère pour lui fournir des informations susceptibles de nuire à un candidat potentiel à la présidence en 2020.

Trump accepte de fournir une transcription (éditée)

Entre-temps, la Maison-Blanche travaille à la publication de la transcription de la conversation que les deux présidents ont eue le 25 juillet. Trump avait initialement refusé de le faire, et a opté plus tard pour une version modifiée. Mais selon les derniers rapports, la transcription originale complète serait maintenant transmise au Congrès américain.

Cependant, même dans ce cas, les jeux ne sont pas faits. La plainte complète du dénonciateur porterait en réalité sur une série de conversations téléphoniques entre les deux présidents, et pas seulement sur celle qui a eu lieu le 25 juillet et qui sera probablement rendue publique cette semaine.

Mardi soir, les démocrates n’étaient toujours pas parvenus à obtenir une cinquantaine de voix au Congrès pour entamer la procédure de destitution. 169 démocrates et un indépendant ont déjà confirmé leur intention de voter en faveur d’une telle procédure de destitution. Un total de 218 votes est nécessaire. Pour l’instant, on ne s’attend pas à des votes républicains. Mais même si une majorité est obtenue au Congrès, c’est le Sénat américain qui décidera de la destitution. Cela nécessite les deux tiers des voix. La probabilité que cela se produise reste minime, à moins que les preuves dont dispose le dénonciateur ne soient accablantes.

Il faut attendre le lanceur d’alerte

Pour le moment, il faudra attendre jeudi pour que Joseph Maguire, le chef par intérim des services secrets américains, comparaisse devant le Congrès. Le même jour, l’ultimatum donné par le Congrès a donné à la Maison-Blanche pour produire le rapport du dénonciateur expirera.

Bien que les médias grand public américains présentent une version savoureuse de cette histoire, il y a encore trop d’inconnues pour se forger une conclusion, mis à part le fait que Trump n’est pas inquiet pour le moment et que seul un témoignage incriminant du dénonciateur peut changer cela.

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