Pendant que les médias occidentaux attendent avec impatience l’épisode suivant de l’enquête sur l’interférence de la Russie, ou le nouveau tweet rageur du président américain Donald Trump, une révolution discrète est en train de se produire aux États-Unis. Cette dernière risque d’avoir des conséquences importantes qui pourraient dépasser de beaucoup les autres réalisations dont on pourra accréditer le président controversé à la fin de son mandat.
Si tout se déroule comme prévu, le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, approuvera la semaine prochaine la nomination d’un 9e juge fédéral. C’est un événement qui ne doit pas être négligé, et pas seulement parce qu’il s’est produit 3 fois plus souvent qu’au cours de la première année de la présidence de Barack Obama.
Aux États-Unis, les tribunaux fédéraux assurent le respect de toutes les décisions politiques. Celles-ci peuvent inclure des questions telles que l’avortement et la liberté religieuse. Mais aussi l’interdiction d’entrée dans le pays pour les ressortissants d’un certain nombre de pays musulmans, par exemple. Ainsi, ce n’était pas le congrès américain dysfonctionnel qui a suspendu l’interdiction d’entrée de Trump. Ce sont des juges qui l’ont fait.
Ces juges décideront de la direction que les États-Unis prendront au cours des prochaines décennies. En effet, ils sont nommés à vie. (Sur la photo ci-dessous, on voit Neil Gorsuch, qui a été nommé à la cour suprême).
Un tsunami de juges conservateurs
Les démocrates témoignent d’une profonde inquiétude au sujet de cette tendance. Elle aura en effet un impact plus important sur la société que toute réduction d’impôt ou de modification de la loi sur les soins de santé (Obamacare).
Ils s’attendent à ce que les républicains nomment ainsi leurs juges un peu partout dans le pays. En raison de leur jeune âge et de leur préférence conservatrice, ces derniers auront un impact significatif sur la manière dont la loi américaine sera interprétée au cours des prochaines décennies.
Les démocrates ne peuvent pas faire grand-chose, parce qu’en 2013, lorsqu’ils avaient la majorité au Sénat, ils ont aboli la règle qui voulait qu’il fallait au moins une majorité de 60 voix pour la nomination d’un juge. Mais comme les républicains sont maintenant majoritaires, cette règle se retourne contre eux.
Les nominations de juges ont un impact plus important que la politique
Selon des initiés, McConnell « accorde une priorité exceptionnelle à la nomination des juges ». Le chef des républicains au Sénat n’ignore pas qu’elle peut avoir un impact énorme sur l’orientation future prise par le pays. Bien supérieur à celui de la politique.
Lorsque Trump est arrivé à la Maison-Blanche en janvier, il s’est livré à un nombre inhabituellement élevé de nominations. Au total, on en a recensé plus d’une centaine. Le président n’a pas laissé passer cette occasion. Avec ses conseillers, il a dressé un plan pour nommer autant de juges conservateurs que possible.
91 % de blancs et 81 % d’hommes
Quiconque se pose encore des questions sur la direction prise par les États-Unis peut découvrir dans le graphique ci-dessous le tsunami de nominations de juges. Le premier graphique (El País) montre que Trump a nommé 58 juges au total, dont 91 % sont des blancs, et 81 % des hommes. Souvent, ils ont succédé à des femmes, ou des représentants de minorités. En comparaison, Obama avait nommé presque 50 % de femmes, et seulement un homme blanc sur 3 candidats. Obama cherchait à donner une représentation de la diversité de la société américaine dans les tribunaux fédéraux. Ce processus est maintenant lentement mais sûrement inversé.
Un second graphique (Business Insider) indique la différence entre les différentes nominations Obama a fait au cours de sa première année est celle que Trump avait réalisée au mois de juillet.