Lundi, le Président américain a déclaré qu’il pourrait déployer les forces militaires si les Etats ne parviennent pas à mater les manifestations qui secouent tout le pays depuis le meurtre de George Floyd, un Américain noir de 46 ans tué par la police lors de son arrestation la semaine dernière.
Le fossé entre les manifestants qui crient justice au nom de George Floyd et le leadership américain se creuse encore davantage. Lundi, Donald Trump s’est exprimé quant aux troubles sociaux qui secouent désormais tout le pays. Un discours qu’il a tenu dans la Roseraie de la Maison Blanche, et après lequel il a ‘fait une promenade dans le jardin’, indique CNBC.
‘Je mobilise toutes les ressources fédérales et locales, civiles et militaires, pour protéger les droits des Américains respectueux de la loi’, a affirmé le Président des Etats-Unis. ‘Aujourd’hui, j’ai fortement recommandé à chaque gouverneur de déployer la Garde nationale en nombre suffisant pour que nous dominions les rues. Les maires et les gouverneurs doivent établir une présence écrasante jusqu’à ce que la violence soit maîtrisée.’
‘Si une ville ou un État refuse de prendre les mesures nécessaires pour défendre la vie et les biens de ses habitants, alors je déploierai l’armée américaine et je résoudrai rapidement le problème pour eux’ a-t-il ajouté.
Il a menacé d’invoquer l’Insurrection Act, cette loi vieille de 1807 (!) qui lui permettrait de déployer des soldats américains en service actif pour surveiller les rues des États-Unis.
Gaz lacrymogène près de la Maison Blanche
Donald Trump en a également profité pour dénoncer les manifestations qui se déroulaient au moment même… Près de la Maison Blanche, réprimées par la police à coup de gaz lacrymogène. ‘Ce qui s’est passé dans cette ville [Washington DC] la nuit dernière est une honte totale. Au moment où nous parlons, j’envoie des milliers et des milliers de soldats lourdement armés, de militaires et d’agents de la force publique pour mettre fin aux émeutes, aux pillages, au vandalisme, aux agressions et à la destruction gratuite de biens’, a-t-il déclaré.
Comme souvent lors de manifestations de ce genre, le Président a détourné l’attention des vraies revendications pour se concentrer sur les pillages et actes de violence qui y ont lieu. Toutes les manifestations ne sont pourtant pas violentes, comme le démontre une foule veillant à Minneapolis où George Floyd a été tué, jurant de ne pas être dissuadée par le couvre-feu de 22 heures mis en place dans plusieurs Etats.
Et ça ne s’arrête pas là. Après son discours, Trump a traversé la place où se tenaient les manifestations (et désormais nettoyée… uniquement pour lui laisser le passage libre, semble-t-il) pour se poster devant l’église St. John’s, incendiée la veille. Bible à la main et regard solennel, il s’est davantage ému du sort de ce bâtiment que celui des manifestants réprimés.
L’évêque de l’église a par ailleurs fermement dénoncé les actions de la police, indiquant que le Président n’avait ni prié, ni ‘reconnu l’agonie et la valeur sacrée des personnes de couleur de notre nation qui réclament à juste titre la fin de 400 ans de racisme systémique et de suprématie blanche dans notre pays’. ‘Dans le diocèse de Washington […] nous nous associons à ceux qui cherchent à obtenir justice pour la mort de George Floyd et d’innombrables autres personnes par l’acte sacré de protestation pacifique’, a déclaré Mariann Edgar Budde.
Depuis lundi matin, 23 États et le District de Columbia ont mobilisé plus de 17.000 membres de la Garde nationale pour soutenir les autorités locales et étatiques. Lors d’une vidéoconférence avec les gouverneurs des Etats lundi, Trump les a accusé de ne pas utiliser des méthodes plus dures pour réprimer les manifestations sur leur territoire.
‘Vous devez dominer, si vous ne dominez pas, vous perdez votre temps. Ils vont vous écraser. Vous allez passer pour une bande d’abrutis. Vous devez dominer’, a répété le Président.
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