Un troisième mandat exceptionnel pour Xi Jinping, avec un objectif clair : Taïwan

Le secrétaire général du Parti communiste chinois entamera bien un troisième mandat et en profite pour remanier le gouvernement, plaçant encore des fidèles à des postes clés. Les instances dirigeantes de la Chine ressemblent de plus en plus à une gérontocratie qui s’appuie sur l’armée.

Pourquoi est-ce important ?

Traditionnellement, les chefs de l’État chinois se contentent de deux mandats de cinq ans et lâchent le pouvoir une fois qu'ils ont atteint 68 ans ; une règle non écrite qui court depuis Mao. Et que Xi Jinping vient d'allègrement outrepasser en s'assurant un troisième mandat en tant que secrétaire général du Parti communiste chinois, et ce, à l'unanimité, bien entendu. Et tout est en place pour qu'il l'entame sans la moindre opposition interne.

Dans l’actualité : la réunion annuelle de l’Assemblée populaire nationale (APN), le corps législatif du pays, s’est achevée sans grande surprise sur la confirmation que Xi Jinping entamerait son troisième mandat. Le gouvernement du pays a été remanié pour l’occasion en faveur de fidèles de l’homme fort de Pékin, comme Li Qiang, nommé Premier ministre.

  • Xi a conclu le congrès en présentant ses priorités pour le pays. Et le secrétaire général ne démord pas de ce qui ressemble de plus en plus à une obsession personnelle : réunir la Chine sous la bannière communiste en réglant l’enjeu de Taïwan.
  • « Nous devons nous opposer activement aux forces extérieures et aux activités sécessionnistes de l’indépendance de Taïwan. Nous devons faire avancer sans relâche la cause du rajeunissement et de la réunification de la nation », a-t-il asséné.
  • Le leader chinois n’a toutefois pas balayé une option pacifique pour parvenir à ce mantra. Mais a souligné la nécessité de renforcer l’armée pour en faire une « grande muraille d’acier » destinée à protéger la souveraineté et les intérêts nationaux de la Chine. Or, dès l’ouverture du congrès annuel sur les objectifs de croissance e la Chine, le budget militaire avait fait un grand bond en avant, avec une hausse de 7,2% à 224 milliards de dollars.

Un nouveau gouvernement qui montre les muscles, mais qui veut rassurer. La Chine est confrontée à toute une série de défis du redémarrage de son économie après trois années difficiles à une hostilité croissante du reste du monde, en particulier des États-Unis.

  • Malgré ce qui ressemble de plus en plus à une guerre commerciale, le nouveau Premier ministre Li a voulu tendre la main à Washington : « La Chine et les États-Unis devraient coopérer et doivent coopérer. Lorsque la Chine et les États-Unis travaillent ensemble, nous pouvons réaliser beaucoup de choses : l’encerclement et la répression ne sont pas une solution, ne sont avantageux pour personne. »
  • En outre, Xi a maintenu en place Yi Gang au poste de gouverneur de la Banque populaire de Chine (PBOC) et Liu Kun au poste de ministre des Finances, alors qu’ils ont tous les deux atteint la limite d’âge traditionnelle de 65 ans, relève The Guardian. Ce sont bien sûr de proches alliés du secrétaire général, mais « le fait d’opter pour la continuité dans ces rôles économiques critiques suggère que l’accent est mis sur la crédibilité et la stabilité », avance auprès du quotidien britannique Mattie Bekink, directrice pour la Chine de l’Economist Intelligence Corporate Network.
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