Ce mardi n’est pas n’importe lequel pour les Américains mais bien le fameux Super Tuesday. 14 États sont aujourd’hui appelés à voter pour désigner le candidat démocrate qui aura la lourde tâche de vaincre Donald Trump dans la course à la Maison Blanche.
L’étau se resserre dans la primaire démocrate, et ce sera d’autant plus le cas à la fin de ce Super Mardi. L’enjeu est de taille: il s’agit de choisir le meilleur cheval pour battre le président actuel, Donald Trump, lors de l’élection du 3 novembre. Selon un analyste politique de Fox News, les paris électoraux cotent une victoire de Joe Biden à 49,8 % dans la primaire démocrate, alors que Donald Trump aurait tout de même 56,5 % de chances de remporter l’élection présidentielle.
Biden versus Sanders
Mais d’abord, les primaires: le nombre de candidats démocrates en lice s’est réduit ces derniers jours. Le modéré Pete Buttigieg a annoncé dimanche jeter l’éponge, au profit de l’autre modéré et vice-président Joe Biden (77 ans). Même constat pour Amy Klobuchar: elle a confirmé hier se retirer des primaires démocrates et… soutiendra Biden, elle aussi. Il entame donc ce Super Tuesday fort de nouveaux appuis et d’une large victoire en Caroline du Sud samedi dernier, emportant plus du double des voix (48,4 %) par rapport au deuxième, Bernie Sanders (19,9 %).
Bernie Sanders est justement son principal adversaire dans cette primaire. Ce socialiste autoproclamé de 78 ans se situe bien à gauche, trop à gauche pour beaucoup qui le jugent incapable de rassembler le parti démocrate. Tandis que d’autres brandissent le spectre du communisme ô combien honni aux États-Unis pour le discréditer.
Notons néanmoins qu’un nouveau venu fait son entrée dans la course ce mardi: le milliardaire Michael Bloomberg. Il continue à croire en la victoire, lui qui a dépensé plus 500 millions de dollars en publicités de campagne, du jamais vu. Elizabeth Warren, désormais en troisième position après les abandons, reste également en lice.
Un Américain sur trois
Depuis son instauration en 1984, cette journée qui voit plusieurs États voter pour attribuer des délégués aux candidats se veut très déterminante. Le Super Tuesday voit souvent émerger un (ou parfois plusieurs) favori parmi les candidats en lice, ou pousse d’autres à l’abandon devant de médiocres résultats.
Cette année pourtant, le Super Tuesday s’annonce bien plus lourd que d’accoutumée. Les 14 États qui passent aux urnes aujourd’hui représentent un tiers des délégués américains. C’est plus qu’en 2012 et 2016. Et puis, surtout, il y a cette année la lourde Californie parmi les États concernés. Quand on sait que le Texas fait aussi partie de la partie, on a donc les deux États les plus peuplés appelés à voter. D’où l’importance de ce mardi particulièrement super.
Pour l’heure, seuls quatre Etats ont déjà exprimé leurs votes: l’Iowa, le New Hampshire, le Nevada, et la Caroline du Sud. Sur les 3979 délégués, 155 ont actuellement été distribués. Pour décrocher l’investiture, un candidat doit obtenir la majorité absolue, soit 1991 des délégués. Or 1357 délégués seront attribués lors du seul Super Tuesday, comme le précise Le Monde. Rien n’est donc encore gagné.
California Dreamin’
La Californie pèsera très lourd dans le scrutin, elle qui compte 415 délégués démocrates sur les 1357 en jeu. Ce n’est pas pour rien que Bernie Sanders l’a qualifiée de ‘cinquième primaire’, un enjeu à elle toute seule. Sa participation au Super Tuesday s’avère particulièrement cruciale: lors des élections de 2012 et 2016, la Californie n’avait voté qu’en juin, si tard que ‘les candidats investis pour la présidentielle étaient déjà choisis avant même que les Californiens n’aillent aux urnes’, a déploré le sénateur démocrate de Californie Alex Padilla.
Bernie Sanders espère donc bien décrocher le rêve californien pour asseoir sa domination. ‘S’il obtient au moins 40% ou 45% des délégués de Californie, il sera difficile à arrêter’, estime Christian Grose politologue à l’université USC de Los Angeles, interrogé par l’AFP.
Cette journée sera aussi un challenge pour Joe Biden, mal positionné dans de nombreux États en jeu, comme le Texas, et, justement, la Californie. Il pourra néanmoins espérer continuer son ascension après avoir ressuscité en Caroline du Sud, fort désormais des soutiens de Buttigieg et Klobuchar.
Il y a fort à parier que ce Super Tuesday restera dans les annales, avec une Californie plus mobilisée que jamais contre le président actuel. Les inscriptions sur les listes électorales ont ainsi atteint un niveau record depuis les années 1950, avec plus de 20 millions d’inscrits sur 25 potentiels. 44 % des inscrits sont des démocrates déclarés, presque le double de l’électorat républicain (23,6 %). Car les frictions entre démocrates ne devraient pas en faire oublier l’objectif final: éviter à tout prix un deuxième mandat de Donald Trump.
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