Après les fusées des milliardaires, place au tourisme spatial écologique et accessible pour tous ? C’est l’idée défendue par différentes entreprises américaines qui font le pari du ballon. Une belle idée sur le papier, mais pour laquelle certaines questions persistent, comme celle de la sécurité du voyage.
Les principales objections au tourisme spatial, comme on en voit les prémisses actuellement, sont son coût en ressources et en énergie, mais aussi son impact écologique. C’est en tout cas, avec la peur d’un accident, les principales raisons avancées par les citoyens des États-Unis ordinaires pour se déclarer en défaveur du tourisme orbital. Selon une étude réalisée en 2021 par ValuePenguin, l’un des sites de recherche financière de LendingTree, si 49% des Américains veulent bien voyager dans l’espace, ils sont 24% à considérer que ce genre de business manque d’éthique, en particulier environnementale.
Six heures tout confort dans la stratosphère
Mais il existe une alternative aux vaisseaux high-tech des milliardaires qui ne demande qu’à se développer : celle du bon vieux ballon. C’est ce que compte proposer Space Perspective, une société basée en Floride qui espère se faire un nom dans ce nouveau secteur du voyage avec un premier vaisseau nommé Neptune. Celui-ci se compose d’un grand ballon rempli d’hydrogène issu de sources renouvelables, selon la firme, qui s’élèvera vers les cieux à une vitesse de près de 20 km/h en emportant avec lui une nacelle pressurisée capable d’abriter huit « explorateurs spatiaux » en plus de son pilote, et ce, dans un confort assuré, Wi-Fi compris. Le vol durera six heures et sera paisible au possible, affirme Jane Poynter, la coprésidente de la firme, assurant même que les voyageurs pourront manger et boire en admirant notre planète, avant un amerrissage en douceur.
Tourisme écologique ?
En réalité, les ballons s’élèveront à moins de la moitié de la distance correspondant à la définition technique de l’espace, mais c’est tout de même près de trois fois plus haut que ce que parcourent la plupart des vols commerciaux – et assez haut pour voir la courbure de la Terre, rappelle CNBC. Et l’expérience est présentée comme respectueuse de l’environnement : outre l’utilisation d’hydrogène « vert » plutôt que d’un carburant pour fusée classique, Space Perspective assure que toute l’expérience sera neutre en carbone. Le premier vol est espéré pour 2024.
Reste la question de la sécurité, alors que le projet consiste quand même à s’élever vers les cieux jusqu’à 20 kilomètres d’altitude. Et l’usage de l’hydrogène pour ce genre de tâche reste controversé, car ce gaz a la fâcheuse tendance à pouvoir s’enflammer. En décembre 2017, un ballon rempli d’hydrogène a explosé à Tucson, Arizona, dans les installations d’une entreprise de ballons stratosphériques appelée World View Enterprises.
La peur de l’hydrogène
Il n’y a pas eu de victime, mais l’affaire a rappelé la fameuse catastrophe du Hindenburg, le 6 mai 1937, quand ce dirigeable transporteur de passagers de part et d’autre de l’Atlantique s’est enflammé à l’atterrissage. L’accident a fait 35 morts, tout en condamnant pour plus d’un demi-siècle la technologie des dirigeables à une méfiance parfois exagérée.
Depuis, la technologie a bien évolué, disent les partisans de l’hydrogène, et l’étanchéité des ballons est bien meilleure. Il n’empêche que du côté de World View Enterprises, qui compte aussi se lancer dans les vols stratosphériques touristiques, on parie plutôt sur l’hélium, bien plus cher, mais inerte. Or, il convient de rappeler que selon l’étude de ValuePenguin, 40% des Américains rétifs au tourisme spatial trouvaient ce genre de trip bien trop dangereux.