La Belgique interdit l’application TikTok au niveau fédéral

L’étau se resserre autour de TikTok, qui voit son utilisation par le personnel gouvernemental et des services publics de plusieurs pays remis en cause.

L’actualité : le Conseil national de sécurité a décidé ce matin d’imposer l’interdiction temporaire de l’usage de TikTok sur les appareils de service du personnel des services publics fédéraux.

  • Une décision motivée par les conclusions d’un rapport du Centre pour la Cybersécurité Belgique (CCB) et de la Sécurité d’État (VSSE), apprend-on par communiqué.

Le détail : l’interdiction d’utiliser l’application ne concerne que les appareils utilisés dans le cadre professionnel.

  • Elle durera six mois et sera ensuite réévaluée.

« Tant la VSSE que le CCB mettent en garde contre le fait que TikTok recueille un grand nombre de données auprès des utilisateurs, souvent à l’insu de ceux-ci, ce qui comporte un risque d’atteinte à la vie privée des utilisateurs. En outre, TikTok peut manipuler le flux d’informations et le contenu par le biais d’algorithmes. Enfin, la législation chinoise oblige TikTok de coopérer avec les services de renseignement chinois. »

Communiqué officiel

Zoom arrière : ce jeudi, les autorités flamandes avaient déjà tranché la question et interdit l’accès à TikTok sur les ordinateurs et smartphones du personnel des gouvernements flamands, en réaction au même rapport.

  • « Il est fortement conseillé aux entités qui gèrent elles-mêmes leur informatique de prendre les mêmes mesures et d’appeler leurs employés à supprimer l’application », ajoute Digitaal Vlaanderen dans son communiqué.
  • Cette décision faite suite à celle de la Commission et du Parlement européen d’interdire l’application sur l’ensemble des appareils de leur personnel.

Zoom avant : la Wallonie pourrait suivre. C’est en tout cas le souhait du ministre-président Elio Di Rupo. Ce dernier avait indiqué lundi vouloir interdire la présence de l’application sur les appareils professionnels du personnel des services du gouvernement et aux ministres, d’ici le 22 mars.

En cause : l’influence prétendue de Pékin sur ByteDance, la maison mère de TikTok.

TikTok sous le feu des critiques

Avec plus d’un milliard d’utilisateurs actifs par mois à travers le monde, TikTok fait partie des réseaux sociaux les plus populaires, principalement auprès des jeunes. À mesure que l’app a gagné en popularité, plusieurs voix se sont levées pour crier gare, en raison de sa proximité avec le gouvernement chinois.

« Le problème fondamental est que TikTok appartient à ByteDance, qui est lui-même soumis au contrôle effectif du Parti communiste chinois »

Mike Gallagher, élu républicain de la Chambre des représentants

Le fait est que l’application collecte énormément de données, comme beaucoup d’autres, à savoir :

  • Nom, âge, pseudo, numéro de téléphone, photo de profil, email, mot de passe.
  • Tout le contenu généré sur l’app ; enregistrement photo, audio, commentaire, vidéo.
  • Messages directs
  • Informations liées à un achat dans l’application
  • Localisation
  • Adresse IP, opérateur mobile, type de réseau
  • Etc.

Si cela n’a en réalité rien de choquant, étant donné que les réseaux sociaux occidentaux font pareil, cela devient tout de suite plus problématique s’il s’avère qu’effectivement l’application partage ce type de données provenant du personnel gouvernemental ou de services publics avec une autorité externe.

Campagne de séduction

De son côté, TikTok dément bien évidemment les accusations faites à son encontre et multiplie depuis un moment déjà les projets pour apaiser les tensions et soupçons à son sujet. Le réseau social a rappelé quels efforts étaient mis en place, avec notamment :

  • Le « Project Clover » qui vise à proposer une plus grande transparence sur le sort réservé aux données des utilisateurs européens. Il est question de l’ouverture de deux centres de données supplémentaires en Europe, un en Irlande et un autre en Norvège.
    • Le réseau social promet ainsi que d’ici 2024, l’ensemble des données de ses utilisateurs européens sera hébergé et traité au sein de l’UE.
    • Il accepte également d’être soumis à un examen réalisé par « une société européenne de cybersécurité » en vue d’analyser les « contrôles et protections des données, de surveiller les flux de données, de fournir une vérification indépendante et de signaler tout incident », rapporte Le Monde.
  • Ce projet s’inspire des efforts déjà réalisés outre-Atlantique fin 2022. Le « Project Texas » vise lui aussi à rapatrier, à terme, la totalité des données des utilisateurs américains de l’app sur des services basés aux États-Unis et administrés par la société américaine Oracle.
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