On connaitra cette semaine les chiffres de l’inflation européenne. Celle-ci semblait frôler l’objectif des 2% le mois passé, ce qui avait justifié la pause tant attendue. Les investisseurs voyaient déjà les taux baisser au premier semestre 2024. Pas si vite, met en garde l’OCDE.
Le contexte : les chiffres de l’inflation pour la zone euro seront publiés ce jeudi. Celle-ci était encore de 2.9 % en octobre dernier, donc sur la bonne voie. Mais un léger rebond n’est pas impossible, provoqué par les prix de l’énergie, comme on vient de le constater en Belgique.
Des taux d’intérêt élevés jusqu’en 2025
Ces chiffres de l’inflation motiveront la décision prochaine de la BCE sur les taux d’intérêt. Malgré une pause le mois dernier, la banque centrale veut garder la porte ouverte à une possible nouvelle hausse des taux d’intérêt. Il est en tout cas très peu probable que ces derniers baissent à court ou moyen terme, en dépit des souhaits des marchés. Il est même probable qu’ils restent hauts durant bien plus longtemps que dans les pires cauchemars financiers, estiment les chercheurs de l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques.
- L’OCDE s’attend à ce que la Banque centrale européenne maintienne son taux directeur aux niveaux actuels jusqu’au printemps 2025. Soit bien plus longtemps que ne l’envisagent les marchés financiers.
- De même, la Banque d’Angleterre pourrait garder des taux hauts pendant encore quelques mois au moins : l’organisation évoque « les premiers mois » de 2025.
- « La politique monétaire va devoir rester restrictive pendant un certain temps — nous sommes toujours préoccupés par la persistance de l’inflation. Vous allez avoir besoin de taux réels élevés », a confié au Financial Times Clare Lombardelli, économiste en chef de l’OCDE.
Atterrissage en douceur ?
La BCE et ses équivalents dans les pays qui n’utilisent pas la monnaie unique espèrent toujours un « atterrissage en douceur ». Un concept popularisé par la Fed, son homologue américaine, pour désigner un ralentissement voulu de l’économie pour enrayer l’inflation, mais qui éviterait de plonger l’économie dans une récession.
- Mais les économies européennes ont encore du chemin à parcourir. Christine Lagarde, présidente de la BCE, a d’ailleurs estimé cette semaine que l’inflation dans la zone euro rebondirait probablement dans les mois à venir.
- Cela dit, la Fed non plus n’en est pas à réduire ses taux d’intérêt. Et ce, malgré les désirs pressants des marchés boursiers. On saura aussi le mois prochain si Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine, maintient le cap. L’économie américaine carbure toujours, mais l’inflation ralentit.
- Lombardelli estime que le cycle de resserrement monétaire plus long de la Fed et l’inflation en baisse continue aux États-Unis permettent une meilleure marge de manœuvre. La BCE n’a pas (encore) ce luxe.
- Mais est-ce pour autant une bonne idée de rabaisser les taux maintenant ? La machine économique reste complexe, et toucher à un rouage peut toujours entrainer une réaction en chaine.