À l’heure où un ralentissement de l’inflation est en train de pointer le bout de son nez, la hausse des taux d’intérêt pourrait-elle toucher à sa fin ? Pas de sitôt, estiment les analystes d’Allianz, qui voient les taux augmenter tout au long de l’année 2023. Christine Lagarde, présidente de la BCE, ne leur donne pas tort.
Les banques vont rendre vos emprunts beaucoup plus chers en 2023

Pourquoi est-ce important ?
Pour que l'inflation puisse ralentir, la demande, notamment en prêts, doit baisser. Avec la hausse des taux, des premiers signes de ralentissement commencent à apparaître sur le marché des prêts, tant aux particuliers qu'aux entreprises. Un mal pour l'activité économique et le pouvoir d'achat, mais un bien pour la baisse de l'inflation.Dans l’actu : un rapport d’Allianz Trade sur l’évolution des taux d’emprunt dans les mois à venir. Une explosion.
- Pour le premier semestre 2023, les chercheurs de l’assureur-crédit s’attendent à une hausse de 200 points de base pour les taux sur les crédits pour les entreprises. Sur le deuxième semestre, même hausse. Soit 400 points de base (4%) en tout, écrivent-ils dans le rapport que Business AM a pu consulter.
- Une telle hausse devrait mettre un coup aux marges entre les coûts et les bénéfices des entreprises. Les chercheurs d’Allianz s’attendent à ce qu’elle baisse, en moyenne, de 300 points de base.
- Les ménages ne sont pas en reste : ils devraient voir les taux d’intérêt augmenter de 210 points de base (2,1%) sur l’année 2023. Une hausse qui équivaut à une perte du pouvoir d’achat de 500 euros sur la même année, par ménage. Ce que les ménages doivent dépenser en intérêts sur l’année 2023 représente entre 20 et 30% de l’argent qu’ils ont su épargner après la crise sanitaire en France et en Allemagne, 45% en Italie et plus de 50% en Espagne, notent encore les experts.
Le détail : autre signe que les taux d’intérêt n’ont pas encore atteint leur plafond.
- Ce mardi, le chiffre de l’inflation en Belgique est tombé : 10,63% en novembre, après 12,27% en octobre. Léger recul aussi en Allemagne, de 10,4% à 10. Peut-on parler d’un ralentissement comme aux États-Unis, où une diminution des hausses des taux d’intérêt semble sur la table ? Il est encore un peu tôt pour le dire.
- Mais pour Christine Lagarde, présidente de la BCE, ce n’est pas le cas. Elle serait « surprise » si l’inflation était en baisse, s’exprime-t-elle devant le Parlement européen ce lundi.
- L’heure de la vérité : le chiffre de l’inflation pour la zone euro sera présenté mercredi.
- Quoi qu’il en soit : des hausses des taux d’intérêt sont encore à attendre, pour combattre l’inflation. La BCE se réunit le 15 décembre pour décider la prochaine hausse et les marchés s’attendent en général à 50 points de base. Les principaux taux de la BCE sont actuellement situés entre 1,50 et 2,25%. Pour l’heure, les marchés financiers anticipent le pic des taux d’intérêt entre 3 et 4%.
L’essentiel : la baisse de la demande pour les prêts commence à se concrétiser.
- Concrètement, les hausses des taux d’intérêt ont pour but de faire réduire la demande, notamment la demande de prêts, pour faire baisser l’inflation. Cela après des années de prêts quasi gratuits, qui ont contribué à faire enflammer le coût de la vie aujourd’hui.
- Avec les hausses des taux, ce ralentissement dans les prêts commence à se faire sentir. « Le niveau de confiance des entrepreneurs et des consommateurs est sérieusement atteint. Les entreprises sont aux prises avec l’incertitude liée à la crise énergétique, aux nouvelles perturbations dans les chaînes d’approvisionnement qui se profilent et à de mauvaises perspectives économiques. La baisse de confiance des consommateurs et l’affaiblissement du marché du logement pèsent sur la demande de crédits des ménages », écrivent les chercheurs d’Allianz Trade.
- Mais pour l’instant, la demande est encore forte, surtout pour les prêts à court terme. « La croissance annuelle totale des crédits aux particuliers s’élevait en septembre à +5,7 % en glissement annuel. La croissance des crédits aux entreprises était, quant à elle, de +8,9 % en glissement annuel. Il s’agit principalement de crédits à plus court terme. Les entreprises en ont besoin en raison de l’augmentation imprévue des prix de l’énergie et des matières premières », notent les chercheurs.
- Voilà donc un premier signe de la baisse de la demande, mais qui laisse aussi une marge de manœuvre à la BCE pour continuer à élever les taux d’intérêt. Réponse le 15 décembre, où Christine Lagarde devrait aussi donner des prévisions sur les « taux finaux ».