Au Tadjikistan, récemment, les femmes ont commencé à recevoir par téléphone des messages SMS leur indiquant ce qu’elles peuvent ou ne peuvent pas porter comme vêtements. Cette mesure est appliquée dans le cadre d’un projet de loi via lequel les autorités cherchent à lutter contre les symboles islamistes. Ces messages interdisent principalement le hijab et autres vêtements musulmans.La république du Tadjikistan est un pays d’Asie Centrale, frontalier de l’Ouzbékistan, du Kirghizistan, de la Chine et de l’Afghanistan. Jusqu’en 1991, il faisait partie de l’Union soviétique.Dans ce pays, bien que 90% des habitants soient musulmans, l’islam est plus un art de vivre qu’une croyance. Cependant, pour le gouvernement, des mesures strictes sont nécessaires pour lutter contre le radicalisme islamiste.En 2016, le gouvernement a ordonné la fermeture d’une dizaine de magasins de vêtements féminins à caractère religieux. En mars de cette même année, des fonctionnaires du gouvernement ont rasé de force la barbe de 13.000 islamistes. En août dernier, plus de 8.000 femmes ont été interpellées parce qu’elles portaient le hijab.« Les fonctionnaires de l’État ont demandé aux femmes de porter leur foulard de manière plus traditionnelle en le nouant par derrière, ce qui laisse l’avant du cou découvert », explique le Washington Post.
Terrorisme
Au Tadjikistan, tous les groupes religieux doivent s’inscrire auprès de l’État et c’est le gouvernement qui décide si des lieux de culte peuvent être construits ou si les enfants peuvent fréquenter une école religieuse.Les fonctionnaires gouvernementaux se chargent également du contrôle de la distribution de littérature religieuse. Les jeunes de moins de 18 ans ne peuvent pas participer à des activités religieuses publiques et la prière islamique est également strictement surveillée. Même les mariages et les funérailles religieux sont réglementés par l’État. Avec cette mesure, le gouvernement vise principalement le hijab. Ce dernier est devenu populaire après la chute du régime soviétique. Pour les autorités, ce foulard est lié au radicalisme islamiste et au terrorisme. En 2015, Emomali Rahmon, président du Tadjikistan, a déclaré que le hijab était un symbole de manque d’éducation et d’incivilité. Récemment, un fonctionnaire a déclaré à la radio que toutes les épouses salafistes portaient un hijab.Pour le gouvernement, ces règles sont importantes car elles permettent de lutter contre les terroristes. Selon les autorités, des centaines de Tadjiks islamistes sont allés rejoindre les rangs de Daech, même si ce nombre est contesté par les militants.« Défendre notre culture, nos traditions et nos valeurs est important pour le Tadjikistan et l’unité de sa population », a déclaré Faiziniso Vohidova, avocat et défenseur des droits de l’homme. « Toutefois, cela ne doit pas être accompagné d’atteintes aux droits de l’homme et d’ingérence dans la vie des gens… Réduire la pauvreté et améliorer l’économie sont des questions bien plus cruciales que le contrôle des vêtements portés par les femmes », conclut Vohidova.