Bien que les autorités américaines aient rapidement réagi pour limiter la casse, la faillite de Silicon Valley Bank a eu de nombreuses répercussions, tant auprès de ses clients que pour la confiance des investisseurs dans le secteur bancaire américaine. Des effets qui ne se sont évidemment pas arrêtés aux frontières et qui pourraient se faire ressentir dans les années à venir.
L’essentiel : l’effondrement de SVB, considérée comme l’épine dorsale de nombreuses startups technologiques et fonds de capital-risque à travers le monde, aura des effets durant des années.
- « SVB étant essentiellement le parrain de l’écosystème bancaire de la Silicon Valley depuis quelques décennies dans le monde de la technologie, nous pensons que l’impact négatif de cet effondrement historique aura une myriade d’implications pour le monde de la technologie à l’avenir », a mis en garde Dan Ives, analyste chez Wedbush Securities, dans une note.
Le détail : les startups pourraient en effet avoir plus de mal à lever des fonds, alors que d’autres entreprises pourraient être contraintes de modifier leur modèle commercial, selon des investisseurs et analystes qui se sont entretenus avec CNBC.
Un nouveau coup dur pour un secteur déjà fragilisé
Silicon Valley Bank était essentiel à l’industrie technologique et à sa croissance, tant aux États-Unis qu’en Europe et en Chine. Depuis 40 ans, l’institution offrait des services bancaires traditionnels, ainsi que des services de financements à des sociétés jugées trop risquées pour les prêteurs traditionnels et des crédits aux startups.
- La bonne santé de la banque était donc fortement liée au secteur de la tech. Quand il s’épanouissait, elle aussi et inversement.
- La décision de la Réserve fédérale américaine de relever les taux d’intérêt n’a pas fait du bien au secteur, de même qu’à la banque. C’est d’ailleurs ce qui a lourdement contribué à sa chute.
- Déjà mal en point, le secteur de la tech reçoit un nouveau coup dur avec la faillite de SVB.
« Toute cette affaire de la Silicon Valley Bank est la dernière chose dont nous avions besoin et était complètement inattendue »
Ben Harburg, associé directeur du fonds de capital-risque basé à Pékin, en Chine, MSA Capital, à CNBC.
Une année difficile qui pourrait durer
Impactées par le contexte macroéconomique, les startups technologiques se sont serré la ceinture l’année dernière. Elles ont heureusement pu compter sur Silicon Valley Bank pour obtenir des crédits pour traverser les vents contraires et payer leurs employés. Mais l’effondrement de la banque laisse désormais présager le pire.
- « Silicon Valley Bank était très paternaliste à l’égard de ce secteur, elle fournissait non seulement des services de paie, des prêts aux fondateurs contre leur crédit illiquide, mais aussi des lignes de crédit. Beaucoup de ces entreprises avaient déjà du mal à lever des fonds et comptaient sur ces lignes de crédit pour allonger leur durée de vie, pour repousser la consommation de liquidités au-delà de la récession à laquelle nous nous attendons tous », a résumé Matt Higgins, PDG de RSE Ventures, auprès du média américain. « Cela s’est évaporé du jour au lendemain et il n’y a pas d’autre prêteur qui va intervenir pour remplir ces chaussures. »
Revoir leur modèle économique
La fête est d’une certaine façon finie pour les startups. Ces dernières vont être contraintes de revoir leur fonctionnement, se concentrer sur la rentabilité et être plus disciplinées avec leurs dépenses.
- Des restructurations sont à craindre au cours des trois prochaines années, selon Hussein Kanji, co-fondateur de Hoxton Ventures basé à Londres.
- Et il préconise de ne pas tarder à le faire. « Les choses ne deviennent pas toujours plus faciles à l’avenir simplement parce que vous le souhaitez »
- L’analyste de Wedbush, Dan Ives, s’attend également à ce qu’il y ait plus de faillites parmi les startups technologiques dans les prochaines années, principalement chez celles qui sont encore à un stade précoce de leur développement.
- « L’impact de la semaine dernière aura des répercussions majeures sur le paysage technologique et la Silicon Valley pour les années à venir à notre avis », a-t-il écrit dans sa note.