Un nombre record de « super-riches » norvégiens ont décidé de quitter le pays l’an dernier pour des nations à faible fiscalité, comme la Suisse, afin d’éviter une légère hausse de l’impôt sur la fortune. Un exode qui coûtera à la Norvège des millions d’euros de pertes fiscales.
L’essentiel : Plus de 30 milliardaires et multimillionnaires norvégiens ont quitté leur pays en 2022, selon une étude du journal Dagens Naeringsliv.
- C’est plus que le nombre total de super-riches qui ont quitté le pays au cours des 13 dernières années.
- Et la Norvège s’attend à ce que davantage de super-riches quittent le pays cette année.
En cause : Cet exode intervient après une légère augmentation de l’impôt sur la fortune en novembre.
- Les super-riches norvégiens doivent s’acquitter d’un impôt sur la fortune au niveau local et au niveau de l’État.
- Au niveau local, cet impôt comprend une taxe municipale de 0,7% sur les actifs dépassant 1,7 million de couronnes norvégiennes pour les particuliers célibataires (150.000 euros), ou 3,4 millions de couronnes pour les couples (300.000 euros).
- Il existe également un impôt d’État sur la fortune de 0,3% sur les actifs supérieurs à 1,7 million de couronnes.
- En novembre, le gouvernement a relevé ce taux à 0,4% pour les actifs supérieurs à 20 millions de couronnes (1,75 million d’euros) pour les célibataires et à 40 millions de couronnes (3,5 millions d’euros) pour les couples.
- Cela porte le taux maximal de l’impôt sur la fortune à 1,1%.
Des millions de pertes pour la Norvège
Conséquences : Cette fuite des super-riches coûtera très cher à la Norvège.
- L’homme d’affaires norvégien Kjell Inge Røkke est la quatrième personne la plus riche de Norvège, avec une fortune estimée à 5,1 milliards de dollars, selon Forbes.
- Il était l’an dernier la personne payant le plus d’impôts en Norvège, rapporte Dagens Naeringsliv. Il aurait pavé un total de 1,5 milliard de couronnes d’impôts depuis 2008, soit 130 millions d’euros.
- En septembre 2022, il a choisi de s’installer à Lugano, en Suisse, à la suite de la hausse de l’impôt sur la fortune, expliquait-il dans une lettre ouverte.
- Une délocalisation qui coûtera à la Norvège environ 175 millions de couronnes de pertes de recettes fiscales par an, soit 15,31 millions d’euros.
- L’investisseur Tord Ueland Kolstad, dont la fortune s’élève à 1,5 milliard de couronnes (130 millions d’euros) a également pris le chemin de la Suisse, à Lucerne.
- Il a expliqué à la chaîne de télévision norvégienne TV 2 que l’augmentation de l’impôt sur la fortune représentait pour lui plus de 6 millions de couronnes à payer par an, soit 520.000 euros.
Des fortunes à plusieurs milliards
- Ole Gjems-Onstad, professeur émérite à la Norwegian Business School, a déclaré à The Guardian que les super-riches norvégiens ayant quitté le pays possèdent une fortune cumulée d’au moins 600 milliards de couronnes (52,5 milliards d’euros).
- De son côté, Erlend Grimstad, secrétaire d’État au ministère des Finances, justifie l’impôt en affirmant que le modèle norvégien veut que « chacun contribue en fonction de ses capacités et donc que ceux qui ont une plus grande capacité à payer des impôts en paient un peu plus ».
- Il espère toutefois que les super-riches norvégiens reviennent à la raison « avec le temps » et finissent par rentrer au bercail scandinave.