En Suède, des centaines d’enfants de réfugiés sont tombés dans un étrange coma après avoir appris que leurs familles allaient être expulsées. Ils sont devenus incapables de bouger, de s’alimenter, ou de parler. Les médecins parlent du « syndrome de résignation ».
« Les patients n’ont aucune maladie physique ou neurologique sous-jacente, mais ils semblent avoir perdu la volonté de vivre », raconte la journaliste Rachel Aviv dans le New Yorker.
Presque tous ces enfants sont originaires de l’ex-URSS et de l’ex-Yougoslavie, et tous vivent en Suède. Un guide écrit par un comité officiel de médecins explique que le traitement le plus efficace est l’obtention de l’asile permanent. Il s’appuie notamment sur le travail du sociologue Aaron Antonovsky qui explique l’importance pour la santé mentale de préserver un « sentiment de cohérence », le sentiment que votre vie est prévisible, compréhensible et structurée.
Une somatisation parfois funeste
Chez les réfugiés, le corps exprime parfois la souffrance des traumatismes de façon poignante et spectaculaire, comme l’explique Rachel Aviv : « Dans les années 1980 aux États-Unis, des réfugiés laotiens en bonne santé allaient se coucher, pleuraient dans leur sommeil et ne se réveillaient pas ; les docteurs ont conclu que leurs cauchemars les avaient effrayés à mort. A peu près à la même époque, en Californie, 150 femmes cambodgiennes qui avaient vu des membres de leurs familles torturés sous le régime de Pol Pot ont perdu la faculté de voir.
Les enfants apathiques incarnent les blessures psychiques de manière également littérale : ils se sentent totalement impuissants, et ils deviennent totalement impuissants. »