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La grande guerre des subventions : « L’Europe aura besoin d’un fonds souverain de 350 milliards d’euros » pour sauver son secteur des véhicules électriques

La grande guerre des subventions : « L’Europe aura besoin d’un fonds souverain de 350 milliards d’euros » pour sauver son secteur des véhicules électriques
L’Europe progresse sur la carte des véhicules électriques, mais elle fait des petits pas. (Photo by Sean Gallup/Getty Images)

L’Union européenne a joué la carte de la transition, mais elle se rend compte qu’autour de la table, certains ont pioché une bien meilleure main. Il va falloir surenchérir.

Pourquoi est-ce important ?

L'Union européenne avait pris les devants, avec une législation ultra-stricte pour enclencher la transition massive du secteur automobile des énergies fossiles vers l'électrique. Mais encore faut-il se donner les moyens d'y arriver, et l'UE se retrouve coincée entre le marteau chinois et l'enclume américaine, d'autant plus depuis que la Maison Blanche a ouvert la tirelire à subsides.

Les billets très verts de l’oncle Sam

L’entrée en vigueur du Inflation Reduction Act (IRA) aux États-Unis a rebattu les cartes : avec ses généreux subsides – 369 milliards de dollars – destinés à la transition énergétique, mais réservés à des activités basées sur le sol américain, crée une concurrence considérée comme déloyale, mais aussi un dangereux appel d’air.

  • Les responsables économiques de plusieurs États américains font déjà des pieds et des mains pour attirer des entreprises européennes sur le sol américain. Et les subsides et avantages fiscaux exclusifs votés à Washington constituent un argument de choix, rappelle le Financial Times.
  • « Je ne pense pas que nous ayons recruté des entreprises de manière aussi intensive que maintenant », assume devant le quotidien britannique Justin Kocher, directeur des affaires internationales pour JobsOhio. Des délégations du Michigan, de la Géorgie, de l’Ohio et d’autres États sont actuellement en pleine tourné de débauchage.

Comment lutter ?

Pour Transport & Environment (T&E), un lobby protransition actif à la Commission européenne, l’Europe ne doit pas se laisser distancer maintenant alors qu’elle rattrapait justement son retard, et elle doit ancrer son savoir-faire sur son sol.

« La loi sur la réduction de l’inflation a changé les règles du jeu, et l’Europe doit mettre plus d’argent sur la table ou risquer de perdre les usines de batteries prévues et les emplois en Amérique. »

Julia Poliscanova, directrice principale pour les véhicules et l’e-mobilité chez T&E, citée par The Guardian
  • Plus de la moitié de toutes les batteries lithium-ion présentes sur le marché européen en 2022 ont été produites en Europe rappelle T&E dans une étude qui vient de paraitre. Mais avec un système américain qui subventionne l’équivalent de 50 dollars par kWh de batterie, soit plus d’un tiers du coût total des modèles actuels, cela risque de ne pas durer.
  • Pourtant l’UE subsidie, elle aussi. 20 milliards d’euros pour la production de batteries sur les dernières années, et 6 autres pour subventionner la vente de véhicules électriques. Mais selon T&E c’est peu, et surtout c’est peu clair: « Ce qu’il faut, c’est rationaliser les règles relatives aux aides d’État, en se concentrant sur l’aide à la production, pour les entreprises de véhicules électriques, d’énergies renouvelables et de matières premières directement touchées par l’IRA américain. »
  • L’organisme appelle à la création d’un Fonds européen de souveraineté (FES) doté d’au moins 350 milliards d’euros par l’émission conjointe de titres de créance par la Commission européenne, afin de remplumer notre industrie de la motorisation verte en devenir.
  • Plus facile à imaginer qu’à mettre sur pied, alors que les crises précédentes et actuelles ont démontré que l’UE ne passait souvent la deuxième qu’une fois le dos au mur. D’autant que tous les problèmes ne peuvent se régler à grands coups de milliards ; l’Europe se trouve bien mal placée sur la chaine d’approvisionnement. Si deux raffineries à lithium – les premières – sont bien en projet en Allemagne et en Grande-Bretagne, le continent n’extrait pas un gramme de ce minerai brut. On ne fait guère aisément une croix sur une dépendance.
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