L’entreprise énergétique américaine Westinghouse a présenté jeudi sa dernière conception d’un petit réacteur modulaire (SMR), l’AP300. Ce réacteur doit son nom à sa puissance de 300 mégawatts.
4 réacteurs nucléaires sur 1 terrain de football : Westinghouse présente son dernier modèle de SMR

Pourquoi est-ce important ?
La principale différence avec les centrales nucléaires classiques est que les SMR peuvent être simplement produits en usine, puis assemblés sur place. Cela permettrait de contourner en partie les coûts et les risques élevés des centrales nucléaires classiques. Le milliardaire de la technologie Bill Gates et le président français Emmanuel Macron, entre autres, sont de fervents partisans de ces mini-réacteurs nucléaires.- L’AP300 est une version plus petite de l’AP1000, dont une poignée est déjà opérationnelle en Chine et dont un autre est également en cours de construction aux États-Unis. Westinghouse espère que le premier AP300 pourra être connecté au réseau d’ici une dizaine d’années.
- L’entreprise décrit le réacteur comme une « unité ultra-compacte, fabriquée de manière modulaire, qui tire parti de l’innovation et du savoir-faire opérationnel du parc mondial d’AP1000 ».
- Cette variante plus petite pourra être construite dans un plus grand nombre d’endroits que son grand frère. Westinghouse espère notamment remplacer les centrales à charbon fermées par de tels réacteurs SMR.
- L’entreprise n’a pas encore révélé le coût du premier réacteur, mais elle espère le ramener à terme à 1 milliard de dollars par unité.
Un « point de basculement »
Les détails : Patrick Fragman, PDG de l’entreprise, explique à World Nuclear News le fonctionnement de l’AP300 et les raisons pour lesquelles il pense que le réacteur sera bientôt commercialisé.
- La plupart des composants utilisés dans le réacteur sont les mêmes que ceux de l’AP1000. « Il s’agit ni plus ni moins d’un AP1000 avec une boucle au lieu de deux – ce qui signifie que la plupart des composants, des systèmes et des équipements sont réutilisés. Le combustible est identique, les leçons de construction sont identiques », explique-t-il.
- Selon Fragman, cela a des « implications énormes » pour le coût, ainsi que pour le temps nécessaire à la construction d’un réacteur. Il parle même d’un « point de basculement » pour l’industrie nucléaire. En effet, la construction des réacteurs nucléaires classiques est très longue. Les SMR devraient changer la donne.
- Autre avantage de la technologie : la surface nécessaire est beaucoup plus petite que pour un réacteur classique. Selon Fragman, l’AP300 n’occupera que 25 % de la surface d’un terrain de football. Cela permettra également de les construire dans des zones industrielles et d’autres endroits où il est actuellement impossible d’installer un réacteur nucléaire.
En Europe aussi ?
Et maintenant : Fragman espère que l’entreprise obtiendra l’autorisation de construire l’AP300 en 2027.
- Cette étape est suivie d’une procédure de trois ans pour obtenir des permis pour des sites spécifiques. Le premier réacteur peut être alors être construit. La construction devrait durer encore trois ans : ainsi, le premier AP300 pourrait être raccordé au réseau en 2033.
- À terme, Westinghouse espère construire les réacteurs en Chine et en Europe également. Mais il n’est pas certain qu’ils puissent être construits en Belgique pour l’instant, car la loi sur la sortie du nucléaire interdit la construction de nouveaux réacteurs.
(CP)