Le sabotage de Nord Stream 2 : un coup de grâce pour la biodiversité et la pêche en mer Baltique ?

Près de six mois après une série d’explosions vraisemblablement préméditées, mais dont les responsables restent inconnus, les premiers rapports arrivent sur l’impact du sabotage des gazoducs. Et il est catastrophique.

Selon une nouvelle étude internationale publiée dans Research Square, les explosions du 20 septembre dernier sur les gazoducs de Nord Stream 2 ont, comme on le craignait, eu un impact particulièrement délétère pour l’environnement.

  • C’est d’abord une grande quantité de GNL qui s’est échappée des tuyaux, dont l’un des composants est le méthane, un terrible gaz à effet de serre. Mais les effets secondaires des explosions elles-mêmes seront bien plus graves à moyen terme, tant pour la faune de la Baltique que pour les activités économiques qui en dépendent.
  • Celles-ci, en perturbant la masse d’eau, ont en fait arraché des fonds marins et ramené vers la surface de grandes quantités de substances toxiques. Comme des TBT, ou tributylétains, des substances chimiques utilisées pour l’entretien des coques des navires et qui empêchent les microorganismes de s’y fixer. Car elles sont particulièrement toxiques pour de nombreux animaux.

250.000 tonnes de fonds marins contaminés

De plus, les TBT ont un effet de leurre hormonal : même à petites doses, ils sont capables de masculiniser les femelles de certaines espèces aquatiques, et peuvent donc avoir un impact terrible sur leur reproduction.

Selon le rapport, les explosions ont accru la pollution dans les profondeurs de Bornholm, où se reproduisent les cabillauds. De quoi donc affecter l’industrie de la pêche dans toute la mer Baltique, voire au-delà. On estime que 250.000 tonnes de fonds marins contaminés contenant des substances toxiques ont été dispersées dans la mer.

D’autres espèces qu’on ne pêche normalement pas, mais qui s’avèrent très menacées risquent aussi d’en subir les conséquences, comme certaines espèces de marsouins et autres mammifères marins. Certains se reproduisent justement dans des eaux suédoises situées à une quarantaine de kilomètres seulement des lieux de l’explosion la plus au nord.

Les explosions elles-mêmes peuvent avoir tué des baleines, ou détruit leur ouïe, parfois loin du lieu de l’explosion.

« Nous avons une nouvelle cheville dans le cercueil de la Baltique. Le rapport montre que beaucoup de dégâts ont été faits et que beaucoup de substances toxiques sont remontées dans la colonne d’eau ».

Bo Øksnebjerg, secrétaire général du Fonds mondial pour la nature, cité par Euractiv
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