On savait depuis un moment que la Russie cherchait à cibler les satellites d’autres nations. Mais elle avancerait sur le développement d’une arme de « guerre électro-optique » capable, depuis le sol, de brûler par impulsion les capteurs d’un engin en orbite.
Ce n’est plus un mystère depuis longtemps que le ministère russe de la Défense compte beaucoup sur ses systèmes antisatellites, en particulier ceux capables de gêner les engins d’observation qui scruteraient un peu trop attentivement son territoire. Mais le système dont l’existence a été dévoilée par la revue en ligne spécialisée The Space Review est d’un tout autre genre : il s’agit d’une arme théoriquement capable, depuis le sol, de définitivement mettre hors d’usage un satellite en orbite.
Impulsion laser
Pas de missile impliqué ici, comme en novembre dernier, quand un exercice russe avait détruit un vieux satellite, et généré un champ de débris spatiaux particulièrement dangereux. Ce dispositif consisterait en un radar destiné à fournir des données de trajectoire précises pour pointer les télescopes sur des « cibles d’intérêt », d’un LIDAR pour photographier le satellite ciblé et mesurer avec une extrême précision l’altitude à laquelle il évolue, et puis d’un système laser à semi-conducteurs censé envoyer des impulsions si lumineuses qu’elles sont de nature à endommager durablement les capteurs de l’engin ciblé.
Toujours selon The Space Review, ce projet, nommé Kalina, serait en développement depuis 2011, avec un premier contrat attribué par le ministère russe de la Défense à la Société scientifique et de production de Systèmes d’instrumentation de précision (NKP SPP). Mais 11 ans plus tard, les infrastructures dédiées à cette arme à impulsion ne seraient toujours pas achevées, bien que le chantier toucherait à sa fin.

Un atout majeur dans le renseignement
Kalina n’est donc certainement pas sur le point de fonctionner dans un futur proche, l’arme devant logiquement encore passer par toute une phase de test. Mais si c’est le cas, le Kremlin aura là un atout essentiel dans sa manche, qui lui permettrait de soustraire à volonté le pays du regard des satellites-espions, américains en particulier.
L’arsenal high tech russe basé sur les technologies optiques ou le laser font régulièrement couler beaucoup d’encre, et ce depuis la guerre froide. Le Kremlin lui-même les évoque régulièrement dans sa propagande, et certains systèmes antisatellites semblent bien actifs en Ukraine.
Le site de référence Opex360 rappelle toutefois que, après la chute du Mur de Berlin, une délégation américaine avait pu visiter le site Terra-3, au Kazakhstan, censé abriter une arme laser destinée à aveugler les capteurs optiques des satellites espions. Celle-ci n’avait en fait jamais été achevée.