Web Analytics

La Russie lance discrètement une nouvelle flotte de pétroliers pour contourner les sanctions occidentales

La Russie lance discrètement une nouvelle flotte de pétroliers pour contourner les sanctions occidentales
Getty

Selon des courtiers maritimes et des analystes de l’énergie, Moscou aurait acheté plus de 100 pétroliers vieillissants cette année.

Pourquoi est-ce important ?

L'Union européenne a convenu d'un plafonnement des prix du pétrole russe. Cette mesure, ainsi que l'interdiction des importations de brut russe par voie maritime, entreront en vigueur lundi. De toute façon, la Russie ne veut pas faire des affaires avec les pays où les prix sont plafonnés. Au lieu de cela, le Kremlin veut essayer d'approvisionner des pays comme l'Inde, la Chine et la Turquie avec une nouvelle flotte de pétroliers. Ces trois pays sont devenus de plus gros acheteurs d'or noir russe maintenant que l'Occident s'est retiré du marché.

L’actualité : le courtier maritime Braemar estime que Moscou a ajouté plus de 100 pétroliers à sa flotte cette année, par des achats directs ou indirects (lire : anonymes). C’est ce qu’écrit le journal économique britannique Financial Times (FT).

  • Le consultant en énergie Rystad, quant à lui, pense connaître le nombre exact : la flotte russe aurait acquis 103 pétroliers.
  • « Nous avons assisté à de nombreuses ventes (sur le marché des pétroliers, ndlr) à des acheteurs anonymes ces derniers mois, et quelques semaines après la vente, beaucoup de ces navires se retrouvent en Russie pour charger leur première cargaison de brut », explique au FT Craig Kennedy, expert en pétrole russe au Centre Davis de Harvard.
  • La plupart d’entre eux seraient des navires obsolètes « pour lesquels les assureurs ne mettent pas la main à la pâte », écrit le site d’information sur les transports Nieuwsblad Transport. Les navires auraient auparavant servi les alliés de Poutine, l’Iran et le Venezuela, deux pays contre lesquels des sanctions pétrolières occidentales ont été imposées.

Flotte de l’ombre

Le tableau général : Entre-temps, selon le courtier maritime français BRS, la Russie possède une « flotte fantôme » de plus de 1.000 navires capables d’exporter son pétrole vers des nations amies. Parmi eux, on trouve un certain nombre de navires de taille stupéfiante : la flotte comprendrait des vlcc (very large crude carriers), des pétroliers d’une capacité de transport de plus de 200.000 tonnes.

  • BRS note que la flotte transportera tout le pétrole russe après l’entrée en vigueur de l’embargo occidental. En effet, « la majorité des propriétaires de pétroliers classiques ne seront plus en mesure de transporter des barils russes ».

Mais : « Le nombre de navires dont la Russie aurait besoin pour transporter tout son pétrole est tout simplement stupéfiant », affirme l’expert Craig Kennedy, déjà cité.

  • Les Russes sont toujours confrontés à une pénurie de pétroliers et pourraient avoir du mal à maintenir leurs exportations dans les premiers mois de 2023. Cela pourrait à son tour faire grimper les prix du pétrole, préviennent les analystes.

Marché noir

Sous-entendu : les mesures punitives mises en place par l’UE et le G7 doivent priver le Kremlin de l’accès à la part du lion de la flotte mondiale de pétroliers.

  • Par exemple, l’une des mesures du train de sanctions prévoit que les assureurs, tels que la Lloyd’s de Londres, ne seront plus autorisés à couvrir les navires transportant du pétrole russe – quelle que soit leur destination – à moins que ce pétrole ne soit vendu en dessous du plafond de 60 dollars le baril.
  • Mais la Russie elle-même ne veut pas commercer avec les pays qui appliqueraient ce plafond de prix.
  • Bien entendu, son pétrole doit toujours être transporté par voie maritime, mais vers un autre débouché : Moscou se contente alors d’augmenter sa capacité de transport via le marché noir.
Plus d'articles Premium
Plus