La Russie vient-elle de lancer une nouvelle offensive contre l’Ukraine ? Les experts n’osent pas encore se prononcer

L’armée russe a subi des pertes sans précédent en Ukraine ces derniers jours. La Russie perd désormais quelque 5 000 soldats chaque semaine, alors qu’au début de l’invasion, on comptait 2 000 pertes hebdomadaires. Une nouvelle offensive semble avoir commencé. Est-ce seulement bien le cas ?

Pourquoi est-ce important ?

L'Ukraine attend avec impatience ses nouveaux véhicules blindés occidentaux, ses missiles à longue portée et ses chars. Pendant ce temps, la Russie en profite pour gagner du terrain avant que ces nouveaux équipements ne lui compliquent la tâche. Cette offensive pourrait être décisive dans la guerre : la résistance ukrainienne est-elle en train de céder, ou l'armée russe n'est-elle pas aussi importante qu'on l'imaginait avant l'invasion ?

L’essentiel : Ce n’est peut-être pas une nouvelle offensive, mais un préambule. Les forces du front ukrainien sont prises en étau par la Russie.

  • La Russie a augmenté l’intensité à plusieurs endroits sur le front. La ville de Bakhmut est sous haute pression, tandis que les troupes russes ont pris le dessus à Kreminna et Svatove, à l’est du pays. La Russie a également lancé une attaque à Vuhledar, une ville située à cinquante kilomètres au sud-ouest de Donetsk. Elle a échoué : une trentaine de ses véhicules blindés, incendiés ou criblés de balles, stationnent actuellement sur le bord de la route.
  • Cette nouvelle intensité s’accompagne de pertes plus importantes. Selon les chiffres fournis par l’état-major de l’armée ukrainienne, la Russie perd environ 800 à 1 100 soldats chaque jour, ainsi que plusieurs dizaines de véhicules, drones et missiles de croisière.
  • Selon le ministère britannique de la Défense, la moyenne quotidienne de la Russie s’élevait à 824 tués la semaine dernière. Il suggère que la cause réside dans le fait que la Russie déploie désormais des soldats non formés autour de Bakhmut et Vuhledar. De plus, les ressources des troupes semblent limitées et il y a un manque de coordination adéquate. Des images ont ainsi fait surface de l’attaque de Vuhledar, où les véhicules blindés russes traversaient une route en une seule ligne. Des proies faciles pour les mines antichars, les drones et l’artillerie ukrainienne.

Offensive ou non ?

Entre les lignes : Quand est-ce que la grande offensive russe aura-t-elle lieu ? Si tant est qu’elle ait lieu.

  • Plusieurs experts, comme l’analyste militaire américain Michael Kofman, affirment que c’est le début de l’offensive. D’autres, comme l’ex-général australien Mick Ryan, indiquent que la phase actuelle est avant tout une phase de reconnaissance. Comme il le dit dans sa newsletter Futura Doctrina sur Substack : « les Russes veulent de cette façon ‘tester’ les troupes et la stratégie ukrainiennes avant de lancer des offensives majeures ».
  • Même en Ukraine, on ne sait pas encore si la Russie a lancé une offensive. Les gouverneurs de Lougansk et de Donetsk disent que c’est bien le cas, tandis que les officiers de l’armée affirment le contraire. Les prochains jours seront décisifs pour déterminer ce qu’il en est.

L’inverse : une offensive ukrainienne ?

À noter : Et si nous étions plutôt face à une offensive ukrainienne ? Un scénario que les Russes envisagent eux-mêmes.

  • Selon le ministère britannique de la Défense, la Russie a renforcé ses défenses autour de Zaporijjia au cours du week-end. C’est ce que montrent les images satellites. La Russie serait préoccupée par le fait que l’Ukraine tente de diviser en deux le territoire conquis par la Russie. En avançant vers le sud de Zaporijjia, à Melitopol, les troupes russes de Kherson et de Crimée sont davantage isolées des troupes de l’est de l’Ukraine, dans le Donbass.
  • Vuhledar est à présent sous pression pour la même raison : l’armée ukrainienne pourrait se déplacer à quelque 80 kilomètres au sud de la ville, pour reprendre la ville portuaire de Marioupol. Pourtant, une offensive ukrainienne est également considérée comme ayant peu de chances d’aboutir. À l’heure actuelle, l’armée mise principalement sur la conservation de son territoire, et les soldats expérimentés bénéficient de quelques semaines ou mois de repos. Quelque 50 000 soldats supplémentaires sont par ailleurs formés à l’étranger, notamment pour combattre avec des véhicules blindés et des chars occidentaux.

SR

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