Démographie : la Russie se meurt aussi

Selon les chiffres officiels du gouvernement russe, cités dans cet article de RadioFreeEurope/RadioLiberty, la Russie comptait 146,8 millions d’habitants au 1er janvier 2019 : c’est 87 000 personnes de moins qu’au début de 2018 (ces chiffres incluent la population de la Crimée, dont l’annexion par la Russie n’est pas reconnue par la communauté internationale).

Cette diminution est due à plusieurs facteurs. Déjà, le taux de mortalité a connu un pic en 2018 dans un tiers des régions de Russie.

L’alcool en cause

L’alcool est une cause traditionnelle du taux élevé de mortalité chez les hommes russes, dont l’espérance de vie à la naissance était en 2016 selon l’OCDE de 66,5 ans (contre 77,1 ans pour les femmes). Le gouvernement russe a mis en place depuis 2015 toute une série de mesures pour lutter contre la consommation excessive d’alcool, comme par exemple l’interdiction de faire de la publicité pour les alcools forts. L’objectif est de diminuer la consommation globale de moitié d’ici 2020.

À partir des années 1960 et jusqu’aux dernières années de l’Union soviétique, la population russe augmentait régulièrement. La chute de l’URSS a marqué le début d’une grave crise démographique, aggravée par des arriérés de salaire, le chômage de masse et l’alcoolisme. Dans les années 1990, cette détérioration des conditions de vie a entraîné une hausse de la mortalité et une diminution de la natalité. Les bébés des années 1990, relativement peu nombreux, arrivent à leur tour à l’âge d’avoir des enfants, ce qui entraîne par ricochet une nouvelle chute de natalité.

Une natalité insuffisante

La question de la démographie est au cœur des préoccupations du gouvernement : il faut inverser la tendance et stimuler la croissance démographique.

Le début du troisième mandat présidentiel de Vladimir Poutine en 2012 coïncida avec la première croissance démographique naturelle observée depuis plus de deux décennies. La croissance démographique naturelle s’obtient par soustraction du taux de mortalité au taux de natalité, sans tenir compte de l’immigration. Cependant, cette remontée des naissances ne dura pas très longtemps… En 2016, le taux d’accroissement naturel diminuait de nouveau, et diminue depuis lors. Les experts en démographie prévoient une baisse régulière de la population dans les années à venir, en partie due au fait que l’immigration ne suffit plus à contrebalancer une natalité insuffisante.

En mai 2018, le président Poutine annonçait par décret qu’assurer une croissance démographique naturelle stable serait la priorité numéro 1 de son gouvernement jusqu’en 2024. Une série de mesures est prévue pour encourager la natalité avec pour inciter les couples à avoir plus d’enfant, comme l’allocation financière d’un peu plus de 6000 euros à la naissance d’un deuxième enfant.

Mais cela sera-t-il suffisant ? Pour les cinq premiers mois de 2018, les naissances ont diminué de 28% comparé à la même période en 2017, selon le bureau national des statistiques Rosstat.

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