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Après l’Allemagne, le Royaume-Uni : les usines à puces détenues par la Chine, c’est non

Après l’Allemagne, le Royaume-Uni : les usines à puces détenues par la Chine, c’est non
(Getty Images)

Le Royaume-Uni ordonne à une filiale néerlandaise d’une société chinoise de revendre la quasi-totalité de ses parts dans une usine à puces de Grande-Bretagne. Elle en était devenue propriétaire à part entière en 2021. Les boucliers se lèvent contre les achats d’infrastructures jugées critiques par des entreprises chinoises.

Pourquoi est-ce important ?

Les puces et semi-conducteurs sont dans tout, de la machine à laver au smartphone, en passant par la voiture. Avec la pandémie et la relance post-covid, les chaines d'approvisionnement n'ont pas pu suivre, ce qui a mené à d'importantes pénuries. Les pays occidentaux se sont mis sur le pied de guerre pour ramener la production sur le continent et s'affranchir de la dépendance à d'autres pays.

Dans l’actu : Le Royaume-Uni ordonne la vente d’une usine du secteur des puces électroniques, acheté par une filiale d’une société chinoise en 2021.

  • C’est ce qu’annonce le ministre de l’Economie, Grant Shapps, ce mercredi. « Nous accueillons le commerce et les investissements étrangers qui soutiennent la croissance et les emplois. Mais lorsque nous identifions un risque pour la sécurité nationale, nous agirons de manière décisive », justifie-t-il, relayé par CNBC.
  • Il s’agit de la Newport Wafer Fab, située au Pays de Galles, en plein milieu d’un pôle de semi-conducteurs, qui est d’une « importance stratégique ». Elle produit des wafers, qui sont une sorte de moules en silicone pour produire des puces. Avec 32.000 wafers produits par mois, il s’agit de la plus grande usine de ce type du pays.
  • Nexperia, le fabricant néerlandais de puces électroniques, filiale de l’entreprise partiellement publique chinoise Wingtech, avait acheté l’usine en juillet 2021, pour 63 millions de livres (72 millions d’euros), en passant d’une part de 14% à 100%.
  • Elle est désormais obligée de revenir à une part de 14%. « L’ordonnance a pour effet d’obliger Nexperia BV à vendre au moins 86% de NNL (l’usine en question, rebaptisée Nexperia Newport Limited lors du rachat, NDLR) dans un délai déterminé et en suivant une procédure déterminée », laisse entendre le ministère, sans donner plus de détails.
  • Ce n’est bien sûr pas au goût de la société (sino-)néerlandaise. « Nous sommes sincèrement choqués », rétorque Toni Versluijs, responsable de l’entreprise pour le Royaume-Uni. « La décision est erronée, et nous ferons appel pour annuler cet ordre de désinvestissement afin de protéger les plus de 500 emplois à Newport. »

L’essentiel : Les boucliers se lèvent contre Pékin.

  • Pile une semaine avant, c’était l’Allemagne qui a interdit la vente d’une usine de wafers à une filiale suédoise d’un groupe chinois. Le ministre fédéral de l’Economie, Robert Habeck, invoquait – lui aussi – des risques pour la sécurité. Le Royaume-Uni va donc un pas plus loin, en ordonnant la revente.
  • Plus tôt cette année, l’Europe a décrété le Chips Act, un texte qui a pour but de renforcer la production domestique de puces et surtout de s’affranchir des chaines d’approvisionnement (et de leurs aléas) et de la dépendance à l’Asie.
  • Les Etats-Unis font aussi des pas dans cette direction, interdisant à leurs entreprises de commercer avec les fabricants de puces chinois, ou de leur fournir les technologies nécessaires à la production.
  • A l’heure où les pays veulent se rendre indépendants les uns des autres en matière de puces et de semi-conducteurs, il faut sans doute s’attendre à d’autres interdictions de ventes et de mesures législatives. De quoi rendre les relations internationales encore plus tendues.
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