« Avec chaque investissement, nous détruisons de la valeur » : rien ne va plus chez Rolls-Royce

Un constat glaçant du nouveau PDG du groupe. L’entreprise se trouve dos au mur. Dettes, coûts élevés, moins bonne performance que les compétiteurs… « C’est la dernière chance » pour redresser la boîte, et en particulier le domaine des moteurs pour avions.

Pourquoi est-ce important ?

Malgré des ventes de voiture en nette augmentation, Rolls-Royce pâtit. Du côté des réacteurs des avions, c'est la débandade, en partie à cause de la réduction du nombre de vols depuis la pandémie. Programme de transformation en vue.

Dans l’actu : l’état des lieux du nouveau PDG du groupe

  • Tufan Erginbilgic est entré en fonction le premier janvier. Après avoir fait le tour des dossiers, il en dresse le constat à ses employés. Un constat rempli de déclarations chocs, dont le Financial Times a pu se procurer des extraits.

« Notre dernière chance »

Les citations :

  • « Avec chaque investissement que nous faisons, nous détruisons de la valeur », fustige-t-il, notant aussi une sous-performance face à la concurrence, en termes financiers. Il parle également d’une plateforme « brûlante ».
  • « Cela ne peut pas continuer comme ça », souligne-t-il encore, concernant la performance. « Rolls-Royce n’a pas été performant depuis très, très longtemps, et cela n’a rien avoir avec le covid. »
  • Un soliloque qu’il conclut ainsi : « D’après ce que je sais en parlant aux investisseurs, c’est notre dernière chance. »

À perte

L’essentiel : les problèmes.

  • D’un côté, la crise est tout de même un peu liée au covid. Rolls-Royce produit notamment des turbines pour avions – un segment qui représente 40% de ses affaires. Or, avec la pandémie, les avions étaient cloués au sol. Certaines grandes lignes internationales, vers la Chine notamment, ne viennent d’ailleurs que de rouvrir entièrement, après trois ans. Ces vols représentent un quart des vols des moteurs de Rolls-Royce.
  • À noter : les heures durant lesquelles un avion vole sont une source de revenu pour les constructeurs. Ainsi, plus les réacteurs de Rolls-Royce sont en l’air, plus la compagnie sera rémunérée.
  • Les soucis financiers de Rolls-Royce viennent du segment des moteurs pour avion justement. Le département des moteurs pour l’aviation civile était en perte même avant la pandémie. Il y a également un problème au niveau des marges bénéficiaires – beaucoup moins élevées que celles de la concurrence.
  • En d’autres termes, des coûts élevés. Sous la direction du prédécesseur d’Erginbilgic, Warren East, 9.000 personnes ont été remerciées, pour réduire les coûts de 1,3 milliard de livres sterling (1,5 milliard d’euros). Mais la dette a augmenté et il reste environ 4 milliards de livres à payer.

Et maintenant ?

A l’avenir : restructuration ?

  • Erginbilgic s’est fait son nom chez BP, où il a pu fortement réduire les coûts des opérations. Voilà, en somme, le gros de sa mission chez Rolls-Royce. « Programme de transformation » et « efficacité et optimisation », lance-t-il aussi dans son discours devant les employés.
  • « Nous pensons qu’il préparera les investisseurs à une nouvelle restructuration ou à des mesures visant à améliorer le bilan. En bref, nous pensons que la douleur à court terme sera nécessaire pour obtenir un gain à long terme », estime l’analyste de JPMorgan, David Perry, dans une note consultée par le FT.

Les ventes des véhicules explosent

Zoom arrière : les bons chiffres des ventes de véhicules.

  • Du côté des voitures de luxe que produit la firme, on ne peut pas vraiment parler de mauvais chiffres ; du moins en termes de ventes. 2022 a été la meilleure année en 118 ans d’histoire avec 6.021 véhicules vendus, soit 8% de plus qu’en 2021.
    • Le secteur du luxe, des véhicules à la mode, a d’ailleurs une certaine immunité contre les difficultés dans l’économie. Que ce soit en période d’inflation ou en période de récession, les ventes tiennent habituellement le coup.
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