Robot démineur, drone belge, infiltration du dark web: les dernières inventions intrigantes en matière de sécurité

La semaine dernière s’est tenu à Paris le Milipol, un salon de la sûreté et de la sécurité intérieure des États. Tous les ans, cet événement attire les industriels de l’armement, qui présentent leurs dernières innovations, souvent interdites d’usage en Europe. Depuis plusieurs années les activités se diversifient, notamment avec des outils de croisement de données, ou l’infiltration du dark web.

Sécurité. Le mot est sur toutes les bouches dans les débats de pré-campagne présidentielle, en France. Les « candidats » des différents spectres de la droite, de la moins à la plus dure, en font surtout le contenu de leur campagne. Pour nombre d’entre eux, une visite au Milipol, qui présente les dernières innovations du marché, était donc indispensable. Tour d’horizon de ces dernières.

Nos confrères de 01.net ont visité le salon qui s’est tenu du 19 au 22 octobre. Au-delà de l’armement classique comme les fusils et pistolets, blindés et gilets pare-balles, ils constatent que le secteur s’intéresse surtout aux solutions high-tech, comme les drones et les robots.

Le chien-robot Vision 60 de Ghost Robotics est pour une première fois présenté en France. Dernièrement, ce robot avait même été présenté équipé d’armes, aux Etats-Unis. Il ressemble à son concurrent jaune, de Boston Dynamics, dont des vidéos avaient fait le buzz pendant la pandémie, lorsqu’il s’approchait de personnes pour leur dire de respecter les distanciations sociales.

Le robot aurait principalement comme mission d’effectuer du déminage et de l’exploration, ou encore de patrouillage. Pour ces mêmes missions, il existe aussi de nombreux robots équipés de chenilles, parfaits pour tous les terrains, comme celui de l’entreprise espagnole Aunav.

Les drones dans l’air étaient les innovations phares du salon. La prouesse belge Loki Mk2 de la société Sky Hero a remporté le prix d’innovation 2021 du Milipol. Il est petit, habile, parfait pour des missions en intérieur, comme pour évaluer la situation dans un bâtiment avant d’y envoyer des hommes. Il peut également émettre des flashs stroboscopiques et des tirs assourdissants. Autre lauréat du prix : le modèle français Orion 2 d’Elistair, qui a la particularité d’être alimenté par un câble de 100 mètres, ce qui a son avantage pour surveiller des événements en extérieur.

Autre invention présentée: les caméras thermiques, qui repèrent la chaleur, comme celle des êtres humains ou des véhicules en approche. L’une tourne en rond pour avoir une image à 360°, jusqu’à 8 huit kilomètres. L’autre peut voir jusqu’à 30 kilomètres, mais que sur une ligne droite. Des modèles plus petits, plus légers, et portables existent également.

Cartes 3D et dé-anonymisation des cryptomonnaies

Un point fort également : le traitement des données. Un système de carte 3D permet de modeler des cartes, pour préparer une intervention de police, ou pour la suivre en temps réel. Comme dans un jeu vidéo avec un casque de réalité virtuelle, en soi. Une autre solution présentée est un système qui dé-anonymiserait les cryptomonnaies, pour lutter contre le trafic de drogues et le blanchiment d’argent.

Une autre solution du domaine digital est un logiciel qui permet de s’infiltrer sur le dark web, via des faux profils de hackers, pour accéder à des espaces reclus de l’internet, où on peut trouver des informations sensibles, sur le trafic de drogues ou d’êtres humains, ou le terrorisme, par exemple. Le représentant explique que de nombreux agents de la police ou du renseignement se trouvent également sur ce coin du web.

« Atmosphère oppressante »

François Gemenne, expert en migrations et chercheur à l’Université de Liège et au FNRS, a également visité le salon. Il partage ses impressions sur Twitter. « L’atmosphère de l’ensemble, sous des dehors commerciaux et avenants, est très oppressante. Le monde extérieur est perçu uniquement en termes de dangers et de menaces pour les États », explique-t-il.

« Le processus de militarisation de la police et du maintien de l’ordre est absolument effarant. À côté d’aimables gyrophares, on vend surtout du matériel de guerre. C’est le même complexe militaro-industriel, et la frontière entre police et armée devient très floue », continue-t-il. Avant de conclure que la prochaine édition aura lieu en 2022, au Qatar, où tous ces outils interdits en Europe peuvent être utilisés librement, « notamment les appareils de torture ou de profilage racial des migrants ».

Plus