Les acheteurs se distancient du pétrole russe, qui va exporter moins en conséquence. De quoi donner encore un coup de jus au prix. Dans l’immédiat, le vide que laisserait un arrêt total de l’exportation du pétrole russe ne pourrait être comblé.
Depuis le début de la guerre, le prix du pétrole s’envole. Ce jeudi, il affiche même 118 dollars le baril. Juste avant l’invasion, il était encore autour des 90 dollars. Depuis le 1er décembre, le prix a même augmenté de 80%. De nombreuses personnes s’interrogent alors : où cette envolée va-t-elle s’arrêter?
150 dollars minimum
Alexandre Andlauer, analyste financier chez Kpler, répond à la question sur l’antenne de BFM Business. Pour lui, les 150 dollars sont le minimum. « Après jusqu’où ira-t-on? Est-ce que ce sera 170, 180 dollars? On sait que le marché raisonne aussi par excès mais il va falloir faire baisser la demande pétrolière pour rééquilibrer le marché. »
Cette baisse de la demande il ne la voit cependant pas arriver à un baril à 120 dollars, par exemple, car la demande de voyages, après deux ans de confinement, est très forte, et les personnes sont alors moins sensibles au prix.
Pas d’embargo, mais moins d’acheteurs
Il analyse également les raisons de cette envolée. Dans un marché déjà tendu, où il y a peu de réserves et beaucoup de demande, la Russie va réduire ses exportations dans la dizaine de jours qui vient. Il y a de moins en moins d’acheteurs, constate l’économiste, même si pour l’heure aucune sanction ni aucun embargo n’a été prononcé sur le pétrole, dont la Russie est le deuxième exportateur mondial.
« Ce sont des anticipations de potentielles sanctions qui vont venir sur le pétrole russe. C’est aussi une question de risque, d’assurances, les acteurs pétroliers ne veulent plus aujourd’hui s’engager dans l’achat de pétrole russe », analyse l’expert.
Impossible de combler le trou
La Russie exporte entre trois et quatre millions de barils par jour. Selon l’expert, il serait possible de trouver entre un et deux millions de barils par jour en Arabie Saoudite et aux Emirats Arabes Unis, voire 500.000 barils en Iran. Mais ce pétrole est plus cher que le pétrole russe, qui devrait en plus décliner plus vite que le temps nécessaire pour le remplacer.
En tout cas, une crise économique semble inévitable : « Avec un baril à 150 dollars voire au-dessus, pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, il y aura un impact économique très fort », ajoute l’expert. La seule solution, pour lui, serait de réduire la demande.