Le “scénario du redémarrage” de Reynders: un moyen idéal de faire glisser Open Vld et CD & V dans une coalition de gauche avec le PS

Le dernier scénario, proposé par Didier Reynders (MR), consiste pour le gouvernement fédéral actuel à chercher un soutien à gauche pour « redémarrer » le gouvernement minoritaire. C’est exactement ce qu’il faut pour amener le CD & V et Open Vld dans un gouvernement de centre-gauche. L’arc-en-ciel se dessine également en Wallonie, avec le PS et le MR comme moteurs, complétés par les Verts. Seulement, le Premier ministre Charles Michel (MR) n’apprécie pas l’idée de Reynders.

L’actuel Premier ministre en tant que moteur d’une coalition arc-en-ciel ? Cela semble être un pont trop loin, car Charles Michel (MR) nie dans toutes les langues qu’il cherche à  « redémarrer » son gouvernement minoritaire. Celui-ci devrait être complété par les socialistes et les Verts, afin de pouvoir établir un budget ensemble, avec une sorte de « gouvernement de redémarrage ».

C’est ce qu’écrit De Tijd écrit aujourd’hui. C’est ce sur quoi Didier Reynders (MR), qui rêve déjà d’une carrière européenne en tant que commissaire pour la Belgique, travaille. Mais pour cela, l’informateur actuel a besoin d’une majorité, ou d’un minimum de majorité réalisable. Un lancement de la fusée à plusieurs étages devrait y contribuer. Le premier étage pourrait être un tel «redémarrage».

Seulement, il semble que le Premier ministre Charles Michel (MR), qui par l’intermédiaire de son porte-parole nie fermement ce scénario, n’ait pas été pris en compte. Il est clair que Michel ne va pas remplacer un éventuel formateur, et encore moins réduire le budget pour la prochaine équipe. Il veut remettre le meilleur dossier possible à l’équipe suivante. Le 1er décembre, il devient président du Conseil européen de l’UE.

À ce moment-là, Reynders prendra le pouvoir, s’il n’y a pas de nouveau gouvernement. Et ce dernier joue déjà aux échecs, au grand dam de ses compagnons de parti.

Le PS et le MR se retrouvent

Ce qui est un fait : le PS et le MR se sont retrouvés, c’est clair. Cela ne valait pas la peine pour eux deux que l’on parle de Bruxelles pendant aussi longtemps. Michel avait en effet vu une ouverture chez Elio Di Rupo (PS) et Paul Magnette (PS) pour autoriser son MR à entrer dans une coalition bruxelloise, mais les deux derniers se sont avérés incapables de raisonner Laurette Onkelinx (PS) et Rudi Vervoort (PS). De plus, au PS aussi, ils doivent montrer à leurs partisans qu’ils ne se sont pas complètement vendus aux libéraux francophones. C’est ce qui s’est passé : un gouvernement bruxellois de gauche, sans MR.

Mais le mariage entre PS et MR semble avoir été conclu entretemps : le gouvernement wallon sera formé sur un axe PS et MR, comme dans la communauté française, mais au niveau fédéral, le tandem semble également fonctionner. Les Verts pourront alors combler les lacunes sur les deux niveaux et on pourra trouver une majorité viable. Arc-en-ciel en Belgique francophone, mais éventuellement aussi au niveau fédéral.

Seulement, au niveau fédéral, l’exercice arc-en-ciel est beaucoup plus complexe. Parce que là aussi, bien sûr, il faut des partis flamands pour former une majorité. Et la N-VA a mis un pied de biche dans la porte : elle réclame une majorité flamande pour le prochain gouvernement fédéral dès le lendemain des élections. De plus : ils ont même mis fin aux pourparlers sur la formation flamande, afin de pouvoir exercer davantage de pression sur Open Vld et CD & V, afin que l’on ne se lance pas dans des scénarios sans la N-VA au niveau fédéral. Ils ne sont pas insensibles à cela: Pieter De Crem (CD & V), entre autres, ne veut rien savoir d’un gouvernement sans la N-VA.

Vers un nouveau gouvernement fédéral en plusieurs étapes

Pieter De Crem

Et pourtant, c’est exactement ce que vise Didier Reynders (MR). Parce que l’informateur a proposé une sorte de «redémarrage» du cabinet minoritaire de MR, Open Vld et CD & V, qui compte encore 38 sièges à la Chambre. Reynders y réfléchit déjà, c’est aussi son travail en tant qu’informateur. La piste d’un redémarrage est venue sur la table, aussi pour pouvoir prendre des décisions. Par exemple, qui deviendra bientôt commissaire européen pour la Belgique.

Reynders aimerait bien chercher d’autres partis pour former une nouvelle majorité, avec ce noyau de libéraux et de CD&V. Ces « partis supplémentaires » seraient alors, ce qui n’est pas tout à fait surprenant, rouge et vert : pour composer ensemble un violet-vert-CD & V.

Reynders typique

Il semble qu’il s’agisse d’un projet typique de Reynders-de hisser Open Vld et CD&V à bord dans une coalition de gauche. Parce que les deux partis ont déjà exprimé leurs réserves à l’égard une telle constellation dans le passé. Ensemble, les libéraux flamands et les démocrates chrétiens disposent d’un total de 24 sièges. Même complétés par le sp.a (9 sièges) et Groen (8 sièges), les quatre partis flamands qui gouverneraient alors le pays n’atteindraient pas une majorité flamande à la Chambre.

Elio Di Rupo PS

Le scénario dans son ensemble correspond à ce que réclamait Elio Di Rupo (PS) dès le premier jour aux portes du palais: un gouvernement avec, du côté flamand, Open Vld, sp.a, CD & V et Groen.

Reynders n’a plus grand chose à perdre aujourd’hui. Il a perdu un emploi de premier plan en Europe après avoir également occupé le poste de commissaire européen en 2014.

Mais maintenant, il aurait la chance de réaliser un vieux rêve: cette carrière européenne. Ou qui sait, en faisant d’abord un « redémarrage », puis en formant une large coalition, un jour, pourra-t-il devenir un jour Premier ministre ? Cette dernière possibilité ne semble plus figurer dans le plan de carrière de Reynder, mais il ne faut jamais dire jamais.

La grande question est de savoir si CD & V et Open Vld peuvent accepter un tel scénario. Car ces deux partis sont très divisés. Les hauts dirigeants seront sans doute plus enclins à participer au pouvoir, certainement parce que leur propre carrière joue également un rôle. Mais les partisans des libéraux flamands et des démocrates-chrétiens éprouveront toujours des frissons à la vue de la formation d’une telle coalition. La Flandre n’a pas exactement voté à gauche, mais devient soudain arc-en-ciel. Après cinq années de centre-droit, dominées par la Flandre, le pendule remonte maintenant de l’autre côté.

Reynders, en tant qu’informateur, s’en fichera. Comme on l’a dit précédemment : il est important pour les libéraux francophones de maintenir le MR dans le plus grand nombre de coalitions possible. Et cette route passe par le PS, d’où le scénario du redémarrage du gouvernement fédéral arc-en-ciel, par étapes successives.

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