Les analystes des marchés sont de plus en plus nombreux à pencher pour une hausse des taux d’intérêt de 75 points de base d’un seul coup cette semaine. Une mesure cataclysmique qui n’avait plus jamais été mise en œuvre depuis près de 30 ans. Et les marchés s’affolent déjà.
Il y a un mois encore cela aurait été impensable rappelle CNN, mais face à une situation qui s’emballe, la Fed, la banque centrale américaine, ne recule devant aucune mesure à sa portée, et tant pis pour les conséquences sur les marchés. Celles-ci se font d’ailleurs déjà sentir : les actions ont plongé vendredi et étaient à nouveau en forte baisse lundi à travers le monde, et le rendement de l’obligation de référence du Trésor américain à 10 ans a augmenté à 3,27%, son plus haut niveau depuis novembre 2018.
Crise sans trop de casse en 1994
Tout ça, car à Wall Street comme ailleurs, on craint fort que la Fed procède cette semaine à une hausse des taux d’intérêt de 75 points de base d’un seul coup. Une mesure choc qui n’avait plus été mise en œuvre depuis 1994. Une année de crise exceptionnelle, mais qui avait pu être surmontée sans trop de casse, et qui inspire beaucoup la Fed en 2022, qui tente de reprendre les mêmes stratégies. Pour le meilleur ou pour le pire.
La réunion devant décider des prochaines mesures anti-inflationnistes est prévue pour ce mercredi, et nulle Cassandre financière ne peut déjà livrer avec certitude sa décision, mais les prédictions se resserrent. Selon les contrats à terme sur les fonds fédéraux cotés au CME, les opérateurs estiment à 60 % les chances que la banque centrale ne relève les taux que d’un demi-point. Mais les attentes d’une augmentation de trois quarts de point sont passées de seulement 3 % il y a une semaine à 40 % maintenant. Les économistes de Barclays pensent que la Fed annoncera une hausse de trois quarts de point mercredi « pour renforcer sa crédibilité et devancer les pressions inflationnistes. » Leurs confrères de Jefferies les rejoignent dans cette conviction.
« La Fed déteste surprendre les marchés »
« La Fed déteste surprendre le marché (…) la forte augmentation des anticipations d’inflation » est « une clause de sauvegarde et donne une porte de sortie à Powell ». « À la lumière des récents développements, personne ne critiquera la Fed pour une hausse de trois quarts de pour cent », ont ajouté les économistes de Jefferies. Car à la lumière des prédictions sur l’inflation, au moins la banque centrale américaine ose agir. Reste à espérer que ça soit suffisant, car les prédictions inflationnistes restent alarmantes. Or la Fed martèle toujours qu’elle base toutes ses décisions sur des données solides.