‘Si Karl Marx était encore en vie aujourd’hui, il se sentirait sans aucun doute renforcé dans ses croyances. Cela ne veut pas dire que Marx avait raison, mais si l’économie de marché (un terme préférable au terme abusé de capitalisme) devait survivre, il est temps de se lever et d’agir.’
Cette phrase est de Steen Jakobsen, le directeur des investissements de la banque danoise Saxo Bank, dans un courriel adressé à ses équipes.
Un groupe de plus en plus restreint de gros gagnants
Selon le Danois, nous vivons en effet une reprise en forme de K, une lettre qui reflète non seulement l’état actuel de l’économie, mais aussi celui des tensions politiques et sociales.
Jakobsen prévoit qu’un groupe de plus en plus petit de gagnants de plus en plus importants émergera, à la fois socialement et politiquement, dans l’économie et sur les marchés financiers. À l’autre extrémité du spectre, une proportion croissante de la population sera ignorée.
Le Covid-19 accélère également un certain nombre de tendances déjà actives:
- Anti-mondialisation
- L’effondrement de l’ordre mondial
- Nationalisme croissant
- Atteinte à la vie privée
- Les couvre-feux inconstitutionnels
- Inégalité
…
De plus, la pandémie a décimé les revenus de nombreux salariés, institutions, PME et indépendants.
Nous posons la mauvaise question
La question à se poser n’est donc pas de savoir quand le monde reviendra au niveau pré-Covid. La question est: comment développer un nouveau système, basé sur la pensée du marché libre, qui répartit mieux l’utilisation de l’argent et des ressources et, plus important encore, améliore le sens et la justice?
L’équité est le nom du jeu
L’équité est ce qui fait fonctionner notre système juridique. Les lois ne sont appliquées que tant qu’elles sont perçues comme équitables et impartiales. Lorsque l’équité est insuffisante, la société échoue, selon Jakobsen.
Bien sûr, les gens ont le droit d’être riches, mais cette même société a l’obligation d’éduquer les gens et de créer des droits égaux pour tous, sans distinction de sexe, de croyance et de race.
Le riche devient plus riche, le pauvre plus pauvre
Ce que la mondialisation n’a pas réussi à faire, c’est d’alléger la douleur et de prendre soin des personnes qui n’ont pas récoltés les fruits du bouleversement économique.
Le nouveau modèle est basé sur des plates-formes et des entreprises qui ont créé des structures monopolistiques (typiquement les GAFAM) et qui ont rendu les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Ceci est principalement dû au fait que le recyclage reste insuffisant et que le modus operandi est devenu la préservation, plutôt que la création, d’emplois.
Jakobsen donne encore un ensemble de conseils pour les entreprises
- Attendez-vous à payer plus pour les nouveaux employés. Le marché du travail a de moins en moins besoin ‘demplois faibles’ – toute personne qui sait faire quelque chose a une meilleure position de négociation.
- Former les gens et embaucher des stagiaires. Le monde manque de gens qui font quelque chose de ‘réel’.
- Ce qui n’est pas ‘vert’ n’aura aucune chance. Les gouvernements, les clients et les marchés monétaires créeront de plus en plus d’obstacles dans ce domaine.
- Le modèle actuel, mondialisé et prêt-à-porter, est l’âge de pierre. Il fera place à un modèle vert de meilleure qualité et avec des marges plus élevées.
Bonus: on retrouve ici les développements du capitalisme, tels que décrits par Karl Marx:
- Les entreprises deviennent moins efficaces, ce qui réduit le retour sur investissement.
- Ces entreprises essaient alors de maintenir leurs bénéfices en baissant leurs coûts, le salarié étant le plus défavorisé.
- Lorsque ce biais atteint sa limite, les entreprises commencent à spéculer pour maintenir leur retour sur investissement.
- Cette dynamique conduit à une augmentation des inégalités de revenus, après quoi de nouvelles crises financières deviennent inévitables.
- Et selon Marx… tout ceci mène à une révolution imminente.
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