Après l’omniprésence de la reconnaissance faciale dans le pays, la Chine rétropédale… ou presque

Avec son contrôle poussé de sa population, la Chine pourrait très bien être une source d’inspiration pour la série dystopique Black Mirror – ou inversement. D’autant plus que le pays n’hésite pas à profiter des progrès technologiques pour assoir son pouvoir. Mais Pékin pourrait bien faire marche arrière avec la reconnaissance faciale, dans certaines conditions évidemment.

L’actualité : l’Empire du Milieu prévoit de restreindre l’utilisation de la reconnaissance faciale par les entreprises en faveur de méthodes d’identification personnelle non biométriques, indique la Cyberspace Administration.

Le détail : les entreprises devront disposer du consentement individuel pour avoir recours à la reconnaissance faciale, mais aussi définir un objectif précis pour son utilisation.

  • « S’il existe une technologie de vérification non biométrique pour atteindre un objectif ou des exigences commerciales similaires, ces méthodes de vérification non biométriques doivent être préférées », précise le projet en chinois, traduit par CNBC.
  • Ce que le projet ne précise par en revanche, ce sont les situations administratives où le consentement individuel n’est pas requis.

À noter : le recours à la reconnaisse faciale dans les rues chinoises n’est par remis en question par ce projet de loi, en raison de son but : maintenir la sécurité publique. Ainsi, son utilisation pourrait être maintenue dans d’autres cas sous prétexte d’un but « légitime ».

Les données biométriques, chasse gardée du gouvernement chinois ?

En Chine, plusieurs projets d’identifications biométriques ont vu le jour dans toutes sortes de situations, notamment pour effectuer des paiements dans les magasins, via des bornes. Certains complexes d’appartements utilisent également la reconnaissance faciale pour permettre aux locataires de rentrer chez eux. Pareil dans certains tourniquets du métro de Pékin, rapporte CNBC.

  • Leur utilisation de la reconnaissance faciale est-elle remise en question par le projet de loi ? Pas explicitement, mais le texte vise tout de même les aéroports, les hôtels, les gares, les banques, les stades, les halls d’exposition et autres établissements commerciaux.
  • Le projet du régulateur chinois de la cybersécurité a de quoi étonner, étant donné le niveau de déploiement de la technologie au sein de la société (urbaine) chinoise.
  • Mais surtout de l’aide qu’auraient apportée les entreprises aux autorités locales pour cibler la minorité musulmane ouïghoure – accusation démentie par le gouvernement chinois.

Pourquoi ? Mais pourquoi le gouvernement chinois décide-t-il de changer sa politique concernant l’utilisation de cette technologie, après avoir autorisé sa pratique durant autant d’années ?

  • Pékin ne veut-elle tout simplement pas garder la mainmise sur les données biométriques ? C’est fort possible.
  • Après s’être attaqué aux entreprises technologiques, devenues toutes puissantes et mettant à mal le pouvoir du gouvernement chinois, ce dernier cherche peut-être aujourd’hui à restreindre l’utilisation des technologies à sa seule appréciation.

En conclusion : le projet de loi ne signifie pas que la reconnaissance faciale sera bientôt du passé dans les rues chinoises, elle restera en effet d’application pour « maintenir la sécurité ». Et bien qu’elle ne sera plus autorisée à être utilisée par les entreprises sans le consentement individuel, le manque de précision des exceptions laisse penser que rien pourrait ne changer.

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