Le « septième continent », mais aussi le « vortex d’ordures », la « soupe plastique » ou plus scientifiquement parlant la « grande zone d’ordures du Pacifique Nord » (GPGP pour Great Pacific Garbage Patch) : les appellations ne manquent pas pour qualifier ce phénomène. Il s’agit en fait d’une immense masse de particules de plastique amassée en plein océan par la convergence des courants marins, et qui témoigne de notre incapacité à prendre en main le désastre écologique que nous sommes en train de provoquer. Mais peut-être cette situation est-elle encore réversible.
Le Vortex de déchets du Pacifique Nord a été découvert en 1997 et, si cette véritable mer de plastique demeure invisible, à moins d’avoir le nez dessus depuis le pont d’un bateau, car translucide, sous la surface, elle est bel et bien là pour nous rappeler notre incurie écologique. Les 80.000 tonnes de plastique issues de notre consommation effrénée qui s’y trouvent recouvrent une superficie équivalente à trois fois la France, rappelle le média de vulgarisation scientifique Futura. Et cette masse, constamment alimentée par nos déchets, se décompose lentement en une sorte de poussière plastique que les animaux absorbent, jusqu’à s’en empoisonner, et qu’on retrouve dans toute la chaine alimentaire océanique. Jusque dans notre assiette, parfois.
Un grand tamis océanique
Et pourtant, ce cancer pourrait encore se résorber. C’est du moins l’opinion et surtout le but ultime de l’ONG Ocean Cleanup, fondée en 2013, même si cela prendra du temps. L’association avait déjà testé un premier système en 2018 ; celui-ci consistait en un flotteur de 600 mètres de long et d’une « jupe » de trois mètres de profondeur, capable de retenir la couche de plastique et d’ainsi véritablement filtrer l’océan. En juillet de cette année, Ocean Cleanup a dévoilé un second dispositif qui a permis de récupérer 100 tonnes de plastique. Celui-ci a depuis été agrandi et amélioré pour devenir le système 003 selon la nomenclature de l’ONG, et qui devrait permettre un véritable nettoyage massif.
Littoraux artificiels et tri à terre
« L’idée est de créer des littoraux artificiels, là où il n’y en a pas pour concentrer le plastique », explique Ocean Cleanup. Le système consiste ainsi en « une longue barrière en forme de U qui guide le plastique dans une zone de rétention à son extrémité ». La barrière en question, tractée par deux navires, fait 2.500 mètres de long et plonge à 4 mètres de profondeur. Elle avance très lentement, pour permettre à la faune marine de s’échapper de la nasse ou de plonger dessous, tandis que des caméras à intervalle régulier surveillent l’opération tout du long de la barrière, guettant les éventuelles « prises » accidentelles.
Les déchets quelle collecte sont ensuite acheminés vers une zone de tri et chargés à bord des navires pour recyclage à terre. Selon l’ONG, avec 10 barrières de ce genre, on pourrait rayer de la carte la « soupe de plastique » qui défigure notre planète.
D’autres projets visent aussi à nettoyer les océans, comme Ocean Voyages Institute liste Futura, qui a repêché lui aussi 100 tonnes de déchets plastiques. Mais ça ne tarira pas la source de tous les maux : chaque année, nous rejetons 10 millions de nouvelles tonnes de déchets plastiques à la mer.